Les ambassades de Rome se trouvent en état d'alerte générale, passées au peigne fin par les forces de l'ordre italiennes, après l'explosion de colis piégés successivement à l'ambassade de Suisse puis à celle du Chili, faisant à chaque fois un blessé.

«C'est un fait grave, une menace grave contre les représentations diplomatiques», a déclaré Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères, tout en appelant «à éviter l'alarmisme».

Selon lui, «il est vraiment trop tôt pour dire quelle est l'origine» des colis piégés. Le ministère de l'Intérieur dit toutefois privilégier la piste anarchiste.

Selon les enquêteurs cités par les médias italiens, ces explosifs étaient contenus dans des enveloppes jaunes identiques et les paquets avaient la taille d'une cassette vidéo.

Le parquet de Rome a ouvert une information judiciaire pour «attentat à finalité terroriste» sous la direction du procureur-adjoint Pietro Saviotti, chef de la cellule antiterroriste.

Un colis suspect découvert auprès de l'ambassade d'Ukraine s'est révélé être une fausse alerte.

Selon les enquêteurs, cités par le Corriere della Sera sur son site internet, une des pistes principales à l'heure actuelle serait celle des «milieux anarchistes de la mouvance écologiste-terroriste».

Une autre piste envisagée est celle «d'un attentat organisé par des groupes anarchistes insurrectionnels», en raison de l'emprisonnement en Suisse de plusieurs membres de cette mouvance.

Un paquet incendiaire avait déjà été trouvé en octobre devant l'ambassade de Suisse à Rome, demandant la libération de «Costa, Silvia et Billy», trois anarchistes arrêtés en avril dernier en Suisse et soupçonnés de préparer un attentat contre une multinationale.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le colis aurait explosé jeudi à l'ambassade de Suisse aussitôt après avoir été ouvert par un employé.

Ce dernier, blessé grièvement aux deux mains, a été immédiatement transporté à l'hôpital par les services de secours, mais ses jours ne sont pas en danger, a indiqué à l'AFP le service de presse des carabiniers de Rome. Agé de 53 ans, il risque toutefois une amputation.

Un autre homme a été blessé dans l'explosion d'un colis à l'ambassade du Chili en Italie, qui s'est produite en début d'après-midi après celle à la représentation suisse. Selon la préfecture de police, l'homme, de nationalité chilienne, mais ne travaillant pas pour l'ambassade, est blessé au visage et aux mains.

Un peu plus tôt dans la journée, il y a eu deux fausses alertes à la bombe dans des bureaux municipaux, dont un bureau électoral de la zone sud de Rome où se trouvaient 400 personnes, où un appel téléphonique anonyme a signalé la présence de colis piégés.

Il y a deux jours déjà, un colis suspect avait été retrouvé dans le métro de Rome, provoquant une alerte de la police et des artificiers, mais l'examen du paquet a montré qu'elle ne contenait que des tubes remplis de ciment.

Toutefois le maire de Rome, Gianni Alemanno, a affirmé que ces fausses alertes n'avaient aucun lien avec les paquets qui ont explosé dans les ambassades.

«C'est une vague de terrorisme contre les ambassades, quelque chose de plus inquiétant qu'un seul attentat», a-t-il dénoncé.

Ces affaires rappellent la série de colis piégés expédiés depuis la Grèce début novembre. Quatorze paquets avaient alors été adressés aux dirigeants allemand Angela Merkel, italien Silvio Berlusconi et français Nicolas Sarkozy et à d'autres institutions et ambassades de pays européens.

Ces attentats avaient été imputés par la police à des extrémistes anarchistes locaux.