La justice de la Biélorussie a ouvert une enquête contre 18 membres de l'opposition, dont les principaux candidats à la présidentielle, pour «troubles massifs à l'ordre public», un délit pour lequel ils encourent jusqu'à 15 ans de prison, a indiqué mercredi une ONG biélorusse.

Parmi les personnes visées figurent six des sept candidats à la présidentielle arrêtés avec quelque 600 autres personnes lors de la répression violente d'une manifestation de l'opposition dimanche soir à Minsk, selon cette ONG, le Centre de défense des droits de l'homme Vesna96.

La manifestation dénonçait des fraudes massives lors du scrutin, à l'issue duquel l'autoritaire président Alexandre Loukachenko a été proclamé vainqueur avec près de 80% des suffrages au premier tour.

Mercredi, le ministère allemand des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur du Bélarus pour protester contre la répression violente de ce rassemblement, déjà condamné par les États-Unis et l'Union européenne.

Les candidats visés par l'enquête sont Andreï Sannikov, ex-vice-ministre des Affaires étrangères et fondateur du site d'opposition le plus populaire du pays (Charter97.org), le poète Vladimir Nekliaev, ainsi que de Rygor Kostoussev, Vitaly Rymachevski, Dmitri Ouss et Nikolaï Statkevitch.

La liste inclut aussi des journalistes connus, comme Irina Khalip, qui écrit pour le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta et qui est l'épouse de M. Sannikov, ou Natalia Radina, rédactrice du site Charter97.org.

Les autorités ont également mis en cause ces 18 opposants pour désobéissance aux injonctions des forces de l'ordre et dégradation de biens publics, selon Vesna96.

Sept des neuf candidats d'opposition à la présidentielle avaient été arrêtés dimanche. Deux d'entre eux, parmi lesquels M. Kostoussev, ont été libérés lundi soir et placés sous contrôle judiciaire.

Par ailleurs, le leader du Parti citoyen uni, Anatoli Lebedko, détenu dans les locaux du KGB biélorusse, a annoncé avoir entamé une grève de la faim, ont rapporté mercredi des médias locaux.

Les autorités ont menacé d'interdire la formation politique de M. Lebedko, qui a soutenu le candidat Iaroslav Romantchouk, ainsi que le parti de Rygor Kostoussev.

L'ONG Vesna96 a elle même ont fait l'objet d'une perquisition dans ses locaux, menée lundi à 3h par des agents du KGB en civil. Ils ont saisi des ordinateurs, des cartes mémoire et des équipements vidéo, a indiqué l'ONG, en soulignant que dix de ses employés avaient été interpellés.

Mardi, les tribunaux de la Biélorussie ont infligé à près de 600 opposants des peines dites «administratives» allant jusqu'à 15 jours de détention, mais les autorités ont averti qu'ils risquaient des poursuites pénales et des peines allant jusqu'à 15 ans de prison.

Les autorités biélorusses ont également menacé d'interdire les partis d'opposition dont l'implication dans les troubles serait prouvée.

Des participants ont tenté dimanche de forcer l'entrée du siège du gouvernement, un argument utilisé par les autorités pour justifier la dispersion violente de la manifestation.

M. Loukachenko a qualifié la manifestation de «banditisme».