Julian Assange a finalement été libéré sous caution. Il pourra reprendre son activité au sein de WikiLeaks à partir de sa résidence d'assignation. La menace d'une demande d'extradition américaine se fait néanmoins pressante, explique notre collaborateur.

Lorsque Julian Assange apparaît à l'extérieur du tribunal quelques minutes avant 18h, l'ambiance s'enflamme. Il est accueilli comme une vedette par des dizaines de partisans et de journalistes qui ont attendu pendant quatre heures et demie dans le froid la libération de l'ange blond.

«C'est bon de sentir de nouveau l'air frais de Londres», assure-t-il, impassible, d'une voix monocorde, toujours vêtu d'un costume bleu foncé et d'une chemise blanche, sans cravate. Il remercie tout d'abord ses avocats, les journalistes et «le système judiciaire britannique, où même si la justice n'est pas toujours au bout, au moins elle n'est pas déjà morte», et exprime une pensée pour les prisonniers retenus en confinement solitaire. Il déclare enfin vouloir prouver son innocence: «J'ai espoir de continuer mon travail et de continuer à protester mon innocence et révéler, car nous avons, mais nous ne l'avons pas encore dévoilée, la preuve contre ses allégations».

Plus tôt, la justice britannique a en effet confirmé sa décision de le libérer sous caution. Dans une salle pleine à craquer, le juge de la Haute Cour de justice s'est appuyé sur la faiblesse des preuves apportées par l'accusation suédoise pour renouveler en appel la décision de la cour de première instance. «La manière dont cette affaire a été traitée par le procureur suédois donnerait des bases à M. Assange pour être acquitté à la suite d'un procès.»

Un premier procureur a en effet mis fin aux poursuites après avoir étudié le dossier, avant qu'un de ses collègues ne décide de relancer le processus. Par ailleurs, le juge a expliqué que le comportement du suspect, qui a signifié à la police son lieu de résidence dès le lancement des accusations contre lui, «n'est pas la conduite d'une personne qui cherche à fuir la justice».

Dès sa libération, Julian Assange s'est rendu dans sa résidence d'assignation, la demeure de son ami Henry Vaughan Smith, située dans le petit village de Bungay, dans l'est du pays. Les conditions de sa mise en liberté l'obligeront à se rendre quotidiennement au commissariat le plus proche pour confirmer à la police sa présence dans le pays. Il sera également astreint à un couvre-feu.

Malgré tout, et c'est sans doute le point le plus important, il est autorisé à reprendre son activité au sein de WikiLeaks. Sa porte-parole, Kristinn Hrafnsson, a expliqué «que la connexion internet est relativement bonne là-bas. Nous continuerons donc nos activités comme avant: WikiLeaks a de nombreux membres et nous n'avons jamais tous été au même endroit». Le groupe va donc pouvoir de nouveau concentrer l'attention des médias sur les fuites liées aux télégrammes diplomatiques plutôt que sur le sort de leur homme fort.

Cette allégresse est pourtant assombrie par l'imminence d'une nouvelle menace. Mark Stephens, avocat de M. Assange a déclaré: «Nous ne nous sommes pas encore penchés sur la question d'une action judiciaire américaine ou de son éventualité.» Il semblerait pourtant que celle-ci soit imminente.