Vladimir Poutine a vanté la reprise économique, condamné l'extrémisme et l'opposition libérale et promis à Mikhaïl Khodorkovski son maintien en prison, lors d'une séance-fleuve de questions-réponses qui s'est souvent apparenté à un plébiscite en direct pour l'homme fort du pays.

«Merci pour ce que vous faites», a notamment déclaré un Russe au premier ministre, qui l'a assuré qu'il «continuerait sur la même voie».

En presque quatre heures et demie de réponses à des questions (choisies) les plus diverses, Vladimir Poutine s'est livré à une de ces séances de communication télévisées par lesquelles il entretient depuis une décennie une empreinte paternaliste sur le pays.

Costume sombre, cravate rouge, il a commencé par un long développement sur l'économie.

«Nous sommes en train de rétablir le niveau de PIB d'avant crise», qui sera atteint «dans la première moitié de 2012» a-t-il déclaré, estimant que la Russie allait connaître une croissance économique de 3,8% cette année.

«La reprise est patente, l'important est de la conserver», a-t-il déclaré, se félicitant d'un recul, selon lui, de la pauvreté alors que la Russie, très dépendante des cours des matières premières, avait vu son PIB se contracter de 7,9% en 2009.

L'ex-agent du KGB, qui se livre tous les ans et durant plusieurs heures à cet exercice face à un public sélectionné, a répondu, précis, attentif, parfois ironique ou amusé, mais aussi incisif, à des dizaines de questions d'habitants de différentes localités du pays.

«Il faut réprimer durement toute manifestation d'extrémisme», il faut «de l'ordre» a-t-il notamment déclaré, répondant sans pour autant annoncer de mesures radicales à une question sur les violences xénophobes qui ont secoué Moscou et d'autres villes du pays ces derniers jours.

Sur l'affaire Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos emprisonné depuis 2003 et jugé à nouveau cette année pour détournement de pétrole dans un deuxième procès controversé, il a lancé: «La place d'un voleur est en prison».

«Les crimes de M. Khodorkovski ont été prouvés», a assuré M. Poutine. Il a aussi réaffirmé en substance que l'ex-homme le plus riche de Russie, qui était entré en conflit avec M. Poutine, était impliqué dans des meurtres.

L'un des avocats de M. Khodorkovski, Iouri Chmidt, a aussitôt dénoncé une «ingérence directe» dans le travail de la justice.

Le premier ministre a aussi accusé les opposants libéraux de vouloir accéder au pouvoir pour se «remplir les poches» en «vendant» le pays.

«Ils veulent le pouvoir et l'argent», a-t-il déclaré, accusant en outre l'opposition de chercher à dessein des conflits avec les autorités.

Enfin, M. Poutine, qui a effectué de 2000 à 2008 les deux mandats présidentiels consécutifs que lui autorisait la Constitution, mais dont nombre d'observateurs estiment qu'il pourrait choisir de revenir au Kremlin à la prochaine présidentielle, a laissé planer le doute sur ses intentions.

«2012, c'est encore loin», a-t-il dit.

Dans un écart maîtrisé de langage, il a traité de «porc» le transfuge du SVR (renseignement extérieur) qui a livré aux autorités américaines les 10 agents russes expulsés en juin dernier, un échec cuisant pour Moscou.

La journaliste de la télévision publique russe organisatrice de l'événement a annoncé avec emphase que le nombre de questions reçues avait «dépassé les deux millions».

Mais le premier ministre russe n'a pas répondu à nombre d'entre elles, qui défilaient en arrière-fond, comme «Quand aurons-nous la liberté d'expression et des élections libres ?», ou «Est-ce qu'un jour se terminera le bordel qui règne en Russie?».