Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a dénoncé des «bandes organisées de vandales» et le principal leader de l'opposition Pierluigi Bersani a condamné les violences qui ont dévasté le centre historique de Rome mardi après une manifestation d'étudiants.

«Nous ne pouvons absolument pas accepter ce type d'évènements», a déclaré M. Berlusconi, par téléphone à la chaîne privée Canale Cinque. Selon Berlusconi, ces «incidents filmés par les télévisions du monde entier donnent une mauvaise image de notre pays».

Le gouvernement a annoncé qu'il rendrait compte devant le parlement des heurts violents qui ont éclaté à la fin d'une manifestation, entre des éléments incontrôlés et les forces de l'ordre.

«Les dégâts sont importants, nous parlons d'environ 20 millions d'euros, mais nous procéderons à des vérifications plus détaillées maintenant», a déclaré mercredi le maire de Rome Gianni Alemanno, annonçant que la municipalité se constituerait partie civile dans un éventuel procès.

Pendant deux heures, la très commerçante et touristique via del Corso et les ruelles adjacentes, ont été désertées par les passants et sont devenues le théâtre d'une véritable guérilla urbaine.

Les affrontements à coups de barres de fer, pavés et pétards d'un côté, lacrymogènes et coups de matraque de l'autre, ont opposé de petits groupes de protestataires, proches, selon les médias italiens, de l'extrême-gauche ou des Black Block néo-anarchistes mais également d'ultras de droite aux policiers et carabiniers.

Bilan: 57 blessés parmi les forces de l'ordre, 62 au sein des manifestants, pour la plupart légèrement touchés, et 41 jeunes interpellés dont une vingtaine pourraient faire l'objet de poursuites.

La photo d'un policier qui tombe, roué de coups par un groupe de jeunes, mais empoigne son revolver de service pour, selon ses dires, les empêcher de lui prendre son arme, est dans tous les journaux, pour illustrer le pic de violence atteint mardi.

M. Bersani, chef du Parti démocrate (PD, gauche), a souligné qu'«aucune raison au monde ne peut justifier la violence».

Mais il a dit comprendre la colère des manifestants car «il y a des milliers de jeunes que personne n'écoute», en référence aux étudiants qui protestaient contre une réforme de l'Université aux côtés de nombreux précaires et jeunes chômeurs.

Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, membre du parti populiste et anti-immigrés Ligue du nord, a pour sa part défendu l'action de la police alors que, selon lui, «il y aurait pu y avoir des morts».

«Il n'y a eu ni victimes (mortelles) ni blessés graves comme ces criminels le souhaitaient», a-t-il dit au Corriere della Sera, en ajoutant: «que voulaient ceux qui me critiquent? qu'on utilise les chars d'assaut?».

Anna Finocchiaro, présidente des sénateurs du PD, a demandé à M. Maroni d'informer les élus de l'infiltration des cortèges pacifiques par des membres des Black Block ou par des policiers, comme l'ont indiqué des membres de l'opposition.

«De toute évidence, hier à Rome il y avait des infiltrés qui ont mis en danger les manifestants et les forces de l'ordre. Qui les a envoyés? Qui les paye? Nous demandons au ministre Maroni de venir au Sénat la semaine prochaine car nous voulons savoir», a-t-elle dit.