Les Kosovars se rendent dimanche aux urnes pour des législatives anticipées, le premier scrutin de ce type depuis l'indépendance qui constituera un test de maturité politique pour leur pays avant l'ouverture attendue d'un dialogue crucial avec la Serbie.

Quelque 1,6 million d'électeurs sont appelés à élire 120 députés au Parlement kosovar parmi 29 partis politiques engagés dans la course électorale, dont sept listes albanaises et huit listes serbes.

Les derniers jours de la campagne ont été endeuillés mercredi par l'assassinat par des inconnus d'un militant kosovar appartenant à la minorité des Slaves islamisés du pays, distincts des Albanais.

Il s'agit du premier incident sérieux de cette campagne. Pristina s'est déclaré toutefois persuadé qu'il n'affecterait pas le déroulement du scrutin de dimanche.

Ces élections législatives représentent l'aboutissement d'une crise politique ouverte par la démission en septembre du président kosovar, Fatmir Sejdiu, suivie de l'éclatement du gouvernement de coalition.

Celui-ci était constitué du Parti démocratique du Kosovo (PDK), du premier ministre sortant, Hashim Thaci, et de la Ligue démocratique du Kososo (LDK), dirigée depuis peu par Isa Mustafa, le maire populaire de Pristina.

Suite à son succès électoral aux municipales de novembre 2009, M. Mustafa a récemment pris les rênes de la LDK, la formation de feu le président Ibrahim Rugova, décédé en 2006.

Dès le début de la campagne électorale, M. Mustafa a déclaré qu'il ne souhaitait pas former à nouveau une coalition avec le PDK.

Selon les derniers sondages, le PDK et la LDK sont au coude à coude en tête dans les intentions de vote.

En troisième position, arrive le Mouvement national pour l'autodétermination, d'Albin Kurti, très critique sur la présence internationale et qui a choisi, pour la première fois, de participer à un scrutin.

L'Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK) est handicapée par le fait que son leader, l'ex-premier ministre Ramush Haradinaj, est détenu à La Haye où il attend un nouveau procès pour crimes de guerre devant le Tribunal pénal international (TPI).

Le scrutin du 12 décembre intervient à une période délicate pour le Kosovo, la communauté internationale, et en particulier les Européens, souhaitant l'ouverture dans les plus brefs délais d'un dialogue entre Pristina et Belgrade, sous les auspices de l'Union européenne (UE).

Ce dialogue a pour ambition de s'atteler aux problèmes concrets des Kosovars, Albanais et Serbes, pour améliorer la situation des deux communautés, sans aborder la question de l'indépendance, proclamée en février 2008, que Belgrade n'a jamais reconnue.

La Serbie se déclare prête à un tel dialogue, qui permettrait un début de déblocage entre Belgrade et Pristina.

Officiellement, Pristina veut dialoguer mais il est peu probable que ces pourparlers puissent débuter avant la formation d'un nouveau gouvernement, probablement courant janvier.

Le scrutin sera surveillé par plus de 120 équipes diplomatiques sous les auspices de l'UE, a indiqué lundi le représentant spécial des Vingt-Sept au Kosovo, Pieter Feith.

L'Eglise orthodoxe serbe a rejoint pour sa part mardi la position du gouvernement serbe, exprimée le mois dernier, estimant que les conditions n'étaient pas réunies pour que la minorité serbe participe aux élections de dimanche.

Le Kosovo a été reconnu par 72 pays à ce jour, dont les États-Unis et 22 des 27 États de l'UE.

En dépit de la position de Belgrade, certains responsables de la communauté serbe du Kosovo, principalement dans les enclaves, ont décidé de se présenter aux élections de dimanche.

Dans le nord du Kosovo, adossé à la Serbie et où les Serbes sont très largement majoritaires, le mot d'ordre est par contre au boycott, comme lors des élections précédentes organisées par Pristina.