L'hypothèse d'une erreur humaine est envisagée pour expliquer la panne de moteurs à l'origine de l'atterrissage en catastrophe d'un Tupolev-154, qui a fait deux morts et des dizaines de blessés samedi à Moscou, mais des médias estimaient dimanche que l'équipage avait évité le pire.    

Le même avion avait transporté en Russie le 16 novembre l'équipe de football de Belgique pour un match amical, a rapporté dimanche l'agence Belga, indiquant que certains passagers avaient trouvé l'appareil plus bruyant que la normale.

Après avoir décollé cette fois pour un vol régulier Moscou-Makhatchkala, le tri-réacteur, avec 163 passagers et neuf membres d'équipage à bord, a lourdement atterri et dépassé la piste, se brisant en trois parties à l'aéroport de Moscou-Domodedovo samedi après-midi.

L'appareil avait subi une panne de deux de ses trois moteurs, du générateur et des instruments de navigation à 9000 mètres d'altitude peu après son décollage.

Les victimes sont le frère du président du Daguestan, une république du Caucase russe voisine de la Tchétchénie, et la mère octogénaire d'un juge de la Cour constitutionnelle russe, a-t-on appris dimanche.

Les enquêteurs ont saisi dimanche à Sourgout (Sibérie) des échantillons du kérosène qui avait été utilisé pour le vol, a indiqué l'agence Ria-Novosti.

Des responsables aéronautiques ont cependant écarté a priori l'hypothèse d'un carburant défectueux, plusieurs avions utilisant le même kérosène étant arrivés à bon port.

Les enquêteurs ont saisi des documents à l'aéroport de Vnoukovo, d'où était parti le Tupolev, et à la compagnie aérienne du Daguestan, qui l'exploitait. Ils ont indiqué que de premiers éléments pouvaient favoriser l'hypothèse d'une erreur humaine.

«Une première étude indique que l'équipage a décidé de décoller malgré la présence de deux problèmes techniques», a déclaré une source proche de l'enquête à l'agence Ria-Novosti.

Cette source n'a pas précisé la nature de ces problèmes.

Un pilote d'essais interrogé par la radio Echo de Moscou a estimé lui aussi que l'hypothèse de l'erreur humaine était à privilégier.

«La première hypothèse qui vient à l'esprit est que lors de la montée, l'équipage a oublié de brancher les pompes d'alimentation en kérosène», a déclaré ce pilote, Evgueni Pankevitch.

Il a souligné que le Tupolev-154, un appareil lancé en 1972 et produit à un millier d'exemplaires avant son retrait de la production en 1994, était l'un des meilleurs avions de l'industrie aéronautique soviétique.

Le Tupolev-154 «est très sûr et fiable, mais exige un respect scrupuleux des règles d'exploitation», a-t-il dit.

Ce type d'appareil - le même que celui de la présidence polonaise à bord duquel a péri en avril le chef de l'État polonais Lech Kaczynski avec 95 autres personnes - a connu nombre de catastrophes ces vingt dernières années.

Les experts mettent en cause le vieillissement du parc et son exploitation parfois inappropriée par nombre de compagnies régionales ou charter, les grandes compagnies russes comme Aeroflot ayant majoritairement renouvelé leur parc.

Les médias russes faisaient l'éloge dimanche des pilotes de l'avion accidenté samedi.

Le pilote aux commandes, âgé de 50 ans et fort de 17 000 heures de vol dont 10 000 sur ce type d'appareil, «a réussi avec un plafond nuageux très bas à poser l'appareil sans moteurs et sans instruments de navigation», relevait gazeta.ru.