Deux personnes ont péri et des dizaines ont été blessées dans l'atterrissage d'urgence d'un Tupolev-154 qui s'est brisé en deux avec 160 personnes à bord à l'aéroport Moscou-Domodedovo samedi, posant de nouveau la question de la sécurité d'un parc vieillissant.

La carcasse de l'avion de ligne, brisé en deux au niveau du premier tiers, gisait dans les arbustes enneigés, selon des photos prises par un passager avec son téléphone. Les journalistes et photographes présents à l'aéroport ne pouvaient pas samedi soir accéder au lieu de la catastrophe.

Une trentaine de passagers rescapés attendaient, hagards, dans l'aérogare de l'aéroport Domodedovo, au sud de la capitale russe, dégageant une forte odeur de kérosène, après que les ambulances eurent fini leur ballet au dehors.  

«Il y avait à bord 168 personnes dont 8 membres d'équipage; il y a deux morts et 48 blessés», a indiqué le ministère des Situations d'urgence.

Le ministère de la Santé a déclaré de son côté que 83 personnes avaient été hospitalisées. Une dizaine se trouvaient dans un état critique, selon une source médicale citée par Ria-Novosti.

La mère d'un juge de la Cour constitutionnelle russe, Gadissa Gadjieva, a péri dans l'accident, selon Interfax.

Le comité d'enquête des transports aériens a indiqué que l'accident était survenu peu avant 15H00 locales (12H00 GMT) alors que l'appareil avait décollé d'un autre aéroport de la capitale russe, Vnoukovo (sud-ouest), pour le vol 372 à destination de Makhatchkala, la capitale du Daguestan.

«Après le décollage, deux des trois réacteurs de l'appareil sont tombés en panne, et le commandant de bord a décidé d'effectuer un atterrissage d'urgence à l'aéroport Domodedovo», a indiqué le comité d'enquête.

«Lors de l'atterrissage, le troisième réacteur est à son tour tombé en panne, l'appareil a dépassé le bout de piste, et a heurté des constructions», a encore indiqué le comité.

Selon l'agence fédérale de l'aviation civile Rosaviatsia, le générateur et les équipements de navigation sont également tombés en panne.

«Tout à coup, on a senti que l'avion avait des problèmes, il se passait des choses bizarres, ça allait d'un côté, de l'autre. On a fait un virage brusque et on s'est mis à descendre», a raconté à l'AFP Gamzat Guitinomagomedov, un passager du vol 372.

«L'atterrissage a été très brutal, et après il y a eu un grand choc, on a heurté quelque chose», a encore raconté ce passager, indiquant que l'avion s'était alors brisé quatre ou cinq rangs devant lui.

Le directeur général de la compagnie daguestanaise exploitant l'appareil, Abdoulla Angoutaïev, a déclaré que l'avion était en bon état.

«L'avion a subi une remise en état complète en 2009, des inspections techniques ont lieu tous les jours», a-t-il déclaré.

Un source anonyme au sein de la compagnie, citée par l'agence Ria-Novosti a cependant estimé que le parc de Tupolev de cette compagnie régionale était en mauvais état.

«La plupart des appareils, en particulier les Tupolev-154, ont beaucoup d'heures de vol, et devraient être changés. Cet événement, avec la panne des trois moteurs, montre encore une fois que la compagnie devrait changer d'approche quant à la sécurité des vols», a déclaré cette source.

Le Tupolev-154, un triréacteur qui a effectué son premier vol commercial en 1972, a été un des appareils les plus utilisés dans l'ex-Union soviétique.

Ce parc vieillissant continue de voler sur les lignes intérieures russes et de l'ex-Union soviétique ainsi que dans certains anciens pays satellites ou alliés comme l'Iran, et a connu nombre de catastrophes ces vingt dernières années.

C'est dans le crash d'un Tupolev-154 de la présidence polonaise que le chef de l'État polonais Lech Kaczynski a trouvé la mort en avril dernier dans l'ouest de la Russie, ainsi que les 95 autres passagers et membres d'équipage.