À 17 mois de l'échéance, la compétition présidentielle française connaît son premier coup d'éclat avec la déclaration de candidature surprise de la socialiste Ségolène Royal qui rêve de prendre la revanche de 2007 face à Nicolas Sarkozy.

Plus de deux semaines après le remaniement du gouvernement de Nicolas Sarkozy, la candidature de Ségolène Royal aux primaires de son parti lance la course à l'Élysée, au risque de semer un peu plus la zizanie parmi les socialistes.

Celle qui a recueilli 46,94% des voix en 2007 au second tour face à Nicolas Sarkozy en 2007, estime qu'il est temps de se préparer alors que la droite se met en ordre de bataille.

«Le moment est venu d'avancer dans la clarté et la simplicité: ma réponse est oui», a déclaré lundi Ségolène Royal, dans un entretien à deux journaux locaux qui l'interrogeaient sur sa volonté de participer aux primaires que le principal parti d'opposition doit organiser pour choisir son candidat.

«Je sais d'expérience qu'il faut plus que quelques mois pour se préparer et pour rassembler. Qui ne voit que la droite est déjà en campagne? D'ailleurs elle ne s'en cache pas», explique-t-elle.

Mais cette femme élégante de 57 ans, habituée aux coups politiques et connue pour son audace et sa détermination, prend surtout de court ses deux principaux adversaires socialistes potentiels: le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, et la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Ces deux poids lourds politiques n'ont pas encore levé le voile sur leurs intentions, mais ne devraient pas se présenter l'un contre l'autre lors de ces primaires qui, comme en Italie, doivent permettre à tous les sympathisants socialistes de choisir un candidat à forte légitimité populaire.

Ségolène Royal semblait s'être jointe l'été dernier à un «pacte de non agression» avec Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, censé préserver jusqu'aux primaires l'unité d'un parti miné par ses luttes intestines.

Mais en se déclarant, elle pousse à accélérer le calendrier qui prévoit un dépôt des candidatures avant l'été 2011, puis le choix du candidat à l'automne.

Cette accélération est rejetée par Martine Aubry et surtout les partisans de Dominique Strauss-Kahn, dont le mandat au FMI ne s'achève qu'à l'automne 2012 et qui met en avant son devoir de réserve pour garder le silence.

Dominique Strauss-Kahn caracole en tête des sondages. Si le second tour de l'élection prévue du printemps 2012 se tenait aujourd'hui, il pourrait remporter plus de 60% des suffrages face à Nicolas Sarkozy, selon différentes études d'opinion.

Des trois ténors du PS, Ségolène Royal est jugée la moins bien placée. Elle est également devancée par Martine Aubry, dont le style austère est apprécié des militants socialistes.

Ségolène Royal ne veut pas donner l'impression de diviser son parti qui, face à l'impopularité de Nicolas Sarkozy, a une carte à jouer lors de la prochaine élection, alors qu'il n'a plus gagné une présidentielle depuis 1988, avec la seconde victoire de François Mitterrand.

Ségolène Royal a assuré mardi avoir «consulté» la dirigeante du parti et le patron du FMI avant de se déclarer.

Elle met en avant son «expérience» des campagnes nationales et propose même au patron du FMI de la suivre dans sa stratégie. Dominique Strauss-Kahn serait «le meilleur premier ministre que la France pourrait avoir», a-t-elle déclaré mardi, un brin provocatrice.