Confrontés aux propos du pape Benoît XVI sur les condoms et leur utilisation pour freiner la propagation du sida, plusieurs catholiques romains conservateurs rejettent d'emblée les explications fournies par le Vatican.

Certains demandent maintenant au pape de se prononcer formellement sur la question, tandis que d'autres accusent les journalistes de déformer intentionnellement les propos du souverain pontife. Certains vont même jusqu'à se demander si le porte-parole du Vatican, le révérend Frederico Lombardi, a cité correctement le pape.

Les évêques et ceux qui les conseillent ne savent plus où donner de la tête.

«C'est un fouillis, a dit John Haas, le président du National Catholic Bioethics Center de Philadelphie, qui conseille les leaders religieux, les hôpitaux et même le Vatican. Je ne suis pas prêt à admettre que le pape a dit ce que Lombardi a dit.»

Dans un nouveau livre, La lumière du monde, Benoît XVI discute avec l'auteur de la crise du sida qui frappe l'Afrique. Le pape déclare alors que pour certains, comme les prostitués mâles, l'utilisation du condom serait un signe de «responsabilité sociale» puisque l'intention est de «réduire le risque d'infection».

Lors d'une conférence de presse à Rome mardi, le révérend Lombardi a dit que Benoît XVI savait que ses propos déclencheraient un débat houleux. Il a ensuite ajouté que les propos du pape ne s'appliquent pas uniquement aux prostitués mâles, mais aussi «si vous êtes un homme, une femme ou un transsexuel».

Le pape n'a pas suggéré d'utiliser le condom comme moyen de contraception, ce qui est interdit par l'Église catholique romaine, et a dit que les condoms ne sont pas une «solution réelle ou morale» à la crise du sida.

Ses propos marquent quand même une étape dans le long débat parmi théologiens et dirigeants de l'Église, concernant la moralité d'utiliser des condoms pour prévenir les maladies.

M. Haas dit avoir reçu de nombreux appels d'évêques confus face aux propos du révérend Lombardi.

Pour sa part, Philip Lawler, l'éditeur du Catholic World News, a demandé la démission de l'éditeur de L'Osservatore Romano, après que le quotidien du Vatican eut repris des extraits du livre du pape samedi en dépit de l'embargo en vigueur. M. Lawler et plusieurs autres catholiques conservateurs croient que le quotidien a miné l'autorité du pape en le citant hors contexte.

De plus, rappellent les catholiques les plus conservateurs, les commentaires du pape dans un livre ne constituent pas un enseignement officiel. Ils font valoir que le pape a seulement souligné qu'une personne infectée au VIH démontre une certaine moralité face à son comportement en utilisant un condom.

«Je maintiens que rien de neuf ne s'est produit, que l'enseignement de l'Église n'a pas changé», a dit le révérend Joseph Fessio d'Ignatius Press, l'éditeur du livre en anglais.