Le chef du gouvernement français, François Fillon, reconduit le 14 novembre par Nicolas Sarkozy, a promis mercredi devant le Parlement la poursuite des réformes et la «rigueur budgétaire» afin de réduire la dette et les déficits de la France en pleine crise de la zone euro.

«Il faut nous libérer des déficits pour maintenir les taux (d'intérêt) à un niveau aussi bas que possible», a déclaré M. Fillon lors de son discours de politique générale, passage obligé après un remaniement gouvernemental.

Les investissements d'innovation grâce à un grand emprunt lancé en début d'année d'une part, et «de l'autre, la rigueur budgétaire pour réduire nos déficits, c'est là l'équilibre de notre politique économique», a expliqué le premier ministre.

Alors que la zone euro traverse une grave crise de la dette, marquée par le sauvetage de l'Irlande après celui de la Grèce, la France entend réduire son déficit de 7,7% en 2010 à 3% du PIB en 2013, a-t-il réaffirmé devant l'Assemblée nationale. Celle-ci devait voter en fin d'après-midi la confiance au gouvernement.

«Tous ces efforts sont concentrés autour d'un choix politique que nous assumons, le choix de la vertu budgétaire, au nom de notre indépendance», a insisté le chef du gouvernement. Il a affirmé qu'il n'y aurait «plus de dépenses publiques supplémentaires pour relancer la croissance».

Nommé premier ministre après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 et reconduit dans ses fonctions après deux mois de fortes protestations contre la réforme des retraites, François Fillon a défendu son bilan et promis «de ne pas rompre le mouvement».

Pendant 45 minutes, il a détaillé les grandes lignes de la fin du mandat de Nicolas Sarkozy avant la présidentielle de 2012. «Nous allons continuer à réformer», a-t-il promis.

Il a confirmé qu'il engagerait «une réforme profonde de la fiscalité du patrimoine» et promis qu'il n'y aurait pas de hausse des impôts.

Avec la réforme fiscale, que le président Sarkozy veut élaborer d'ici au printemps 2011, François Fillon entend combler le retard de compétitivité avec l'Allemagne.

La réforme fiscale devrait voir aussi la fin du «bouclier fiscal», une mesure phare du président adoptée en 2007 et qui plafonne à 50% des revenus totaux l'imposition des contribuables les plus riches.

Ce changement de cap vise à redresser l'image des trois premières années du mandat de Nicolas Sarkozy, dont la politique est dénoncée par l'opposition de gauche comme trop favorable aux Français les plus aisés.

Autre grand chantier: une réforme de la prise en charge des personnes âgées. Elle s'accompagnera d'une concertation plus large sur l'ensemble de la protection sociale.

Nicolas Sarkozy a songé, cet automne, à changer de premier ministre, avant de se résoudre à conserver à son poste un homme plus populaire que lui et qui bénéficie d'un fort soutien parmi les élus de droite.

À la tête d'un gouvernement resserré autour des ténors de la majorité, François Fillon, 56 ans, a indiqué qu'il allait travailler pour la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012. Le président français a assuré de son côté que «sauf imprévu», il garderait son premier ministre jusqu'à la fin de son mandat.

Le parti socialiste, qui s'exprimait par la voix du député François Brottes, a critiqué François Fillon, «incarnation de trois années d'échec». Il a mis en doute sa capacité à rétablir la situation économique de la France. «C'est vrai que vous n'aviez pas prévu la crise (...), mais vous l'avez aggravée», a-t-il ajouté, en rappelant que le déficit public, au moment de sa prise de fonction, était de 2,7% du PIB.