La situation en Bosnie-Herzégovine demeure instable quinze ans après la signature des accords de paix de Dayton, faute de dialogue et d'esprit de compromis, a estimé jeudi le représentant de l'ONU pour la Bosnie, Valentin Inzko.

«Aujourd'hui, quinze ans après la signature des accords de Dayton, il n'y a toujours pas assez de dialogue et de compromis. Malheureusement, les programmes nationalistes dans le pays ont continué de prévaloir», a déclaré M. Inzko devant le Conseil de sécurité.

Depuis 1995, en vertu des accords de paix de Dayton, la Bosnie est divisée en deux entités: la Republika Srpska (RS, Serbes) et la Fédération croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales.

Le représentant onusien a expliqué qu'il n'y avait pas eu de progrès concernant les réformes nécessaires pour l'intégration du pays à l'Union européenne et à l'Otan au cours de l'année écoulée.

«Au contraire, il y a eu une hausse marquée de la rhétorique négative qui sème la discorde ainsi qu'un retour en arrière pour les réformes», a-t-il dit.

«Tandis qu'il y a eu des progrès substantiels au cours des onze premières années après la guerre, dans les quatre dernières années, il y eu une stagnation et beaucoup de temps a été perdu», a-t-il poursuivi.

Les institutions de l'État ne fonctionnent pas correctement et les Serbes de Bosnie adoptent leurs propres lois, a-t-il expliqué.

Mais la partition du pays ou la sécession ne sont pas une solution, selon le représentant: si la Bosnie et la Herzégovine avaient pu se séparer pacifiquement, cela se serait passé en 1992. «Ce n'était pas possible alors, ce n'est pas possible aujourd'hui».

«La Bosnie-Herzégovine a un avenir dans l'UE et l'OTAN», a dit M. Inzko et choisir une autre voie signifie «la stagnation et l'isolement».

Le Conseil de sécurité a également entendu Nebojsa Radmanovic, coprésident réélu pour les Serbes bosniaques, qui a, sans surprise, dépeint une situation plus positive.

«A la différence d'autres territoires similaires dans le monde où la communauté internationale est engagée, la Bosnie-Herzégovine dans son ensemble représente un exemple positif de construction de la paix», a-t-il affirmé.

«Avec les efforts conjugués de la communauté internationale et des autorités locales, la Bosnie-Herzégovine a réalisé des progrès significatifs dans la période de l'après-guerre», a-t-il dit.

De nombreux réfugiés sont revenus dans le pays, des réformes sont en cours dans l'administration publique, la justice ou l'éducation, a-t-il ajouté.

«Le compromis, la compréhension, l'égalité et la tolérance sont l'essence de toutes les réformes en Bosnie-Herzégovine et ceci devrait être encouragé, salué et approuvé», a-t-il encore indiqué.

La Bosnie-Herzégovine a tenu le 3 octobre des élections générales qui, de l'avis du représentant de l'ONU, ont globalement respecté les normes internationales.