Le ministre de la Culture italien Sandro Bondi a été mis sur le grill mercredi au Parlement où il est menacé d'un vote de censure pour ses responsabilités dans l'effondrement de la Maison des gladiateurs samedi sur le site archéologique de Pompéi.

Deux formations d'opposition, le parti Italie des valeurs (IDV) de l'ex-magistrat anticorruption Antonio Di Pietro et le Parti démocrate (PD), principale force de gauche, ont exigé la démission de M. Bondi, faute de quoi elles déposeront des motions de censure pour l'obliger à partir.

Les images de «l'effondrement à Pompéi ont fait le tour du monde et il y a des responsabilités précises du ministre, il doit en tirer les conséquences» et partir, a affirmé le chef du PD Pier Luigi Bersani, en déplacement dans le nord-est.

Cet incident «est seulement la confirmation de la situation catastrophique dans laquelle se trouve l'immense patrimoine artistique et culturel italien», a renchéri Massimo Donadi, chef de file des députés IDV en annonçant l'appui de son parti à toute motion de censure.

M. Bondi, un fidèle de Silvio Berlusconi, s'est vivement défendu lors d'une audition à la Commission des affaires culturelles du Sénat, rejetant toute responsabilité dans l'épisode, que les autorités ont expliqué par de fortes averses et une rénovation antérieure faite notamment avec du ciment. «Si j'avais une responsabilité, j'aurais présenté ma démission», a-t-il dit.

Le ministre s'est inquiété, si une motion était adoptée et qu'il devait quitter son poste, de n'être qu'un pion dans la grave crise politique que traverse l'Italie.

Selon lui, il n'y a «pas un manque de fonds» mais plutôt des failles dans la «gestion» des sites.

«Les problèmes de Pompéi comme ceux d'une bonne partie du patrimoine artistique existent depuis des années sans que personne n'ait réussi à les résoudre définitivement ni à imposer une stratégie efficace», a-t-il argué.

Pour Maria Pia Guermandi, de l'association de préservation du patrimoine Italia Nostra, l'Italie «manque totalement de culture dans la conservation du territoire». «Pompéi comme la Vénétie (en proie à des inondations) sont bétonnées au maximum, on n'a pas nettoyé les fleuves, ni restauré les terrassements, opérations peu utiles électoralement», a-t-elle dénoncé.

Selon Mme Guermandi, l'État a toujours privilégié la rentabilisation des sites plutôt que leur entretien et «tous sont à risque»: le Forum romain, la Domus Aurea, le Colisée, «où on laisse entrer beaucoup trop de touristes, même la nuit».

Il faut aussi «arrêter les fouilles à Pompéi» et «concentrer les ressources» sur la préservation du site sachant que 250 millions d'euros sont nécessaires et qu'aucune «manutention ordinaire» n'y a été effectuée depuis plus d'un demi-siècle, a relevé Mme Guermandi, devant les journalistes étrangers.

Pompéi, ensevelie sous les cendres par l'éruption du Vésuve le 24 août 79, constitue l'ensemble le mieux conservé d'une ville de l'époque romaine. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco depuis 1997.

La Maison des gladiateurs, de 8 mètres sur 10 et 6 de haut, ainsi appelée parce que les athlètes venaient s'y entraîner, donnait sur la rue de l'Abondance, la plus fréquentée par les touristes.