Annoncé depuis de longs mois, le remaniement ministériel prévu en France par Nicolas Sarkozy pourrait finalement aboutir, en début de semaine prochaine, à la reconduction du premier ministre François Fillon, hypothèse la plus probable pour la classe politique et la presse.

«Tout ça pour ça!», «un remaniement en trompe-l'oeil»: mercredi matin, la presse française misait sur le maintien de François Fillon, en concurrence avec l'actuel ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo, et s'interrogeait déjà sur le sens d'un remaniement «de convenance», pourtant censé redynamiser la fin du quinquennat avant la présidentielle de 2012.

Le dernier obstacle au remaniement a été levé mardi, avec la validation par le Conseil constitutionnel de la loi de réforme des retraites, publiée dans la nuit au Journal officiel, ce qui ouvre la voie à sa mise en application.

Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy avait fait de l'adoption de cette réforme, qui repousse de 60 à 62 ans l'âge légal minimal de départ en retraite, le symbole de sa capacité à changer la France.

Ferme en dépit d'une très forte contestation et de grèves qui ont failli paralyser le pays en octobre, le président avait prévenu que le remaniement interviendrait dans la foulée de la promulgation de la loi.

Le feuilleton du remaniement, annoncé il y a plus de six mois, pourrait donc voir son épilogue dès lundi, avec très probablement la reconduction de François Fillon, selon des sources gouvernementales et au sein du parti UMP du président.

Jean-Louis Borloo a toutefois assuré mercredi n'avoir «pas la moindre information» sur les intentions de Nicolas Sarkozy, au cours d'une conférence de presse.

Il a fermement démenti avoir affirmé qu'il ne serait pas nommé à Matignon devant des élus, qui avaient laissé entendre mardi que l'actuel numéro 2 du gouvernement avait jeté l'éponge après plusieurs jours d'un duel hargneux avec le premier ministre.

Populaire, bon vivant et un temps vanté par un proche du président comme un «orfèvre en matière sociale», l'ex-avocat d'affaires de 59 ans n'a pas su convaincre la majorité. Il a été décrit par des élus de droite comme un «mec brouillon» et «cyclothymique» qui serait incapable de «tenir Matignon».

De son côté, François Fillon, 56 ans, a confirmé début novembre au président son souhait de rester à la tête d'un gouvernement qu'il dirige depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, en vantant son bilan social et en mettant en garde contre des «virages tacticiens».

Le premier ministre, qui a mis du temps à trouver sa place à côté de l'«hyperprésident», soigne son style austère, s'appuie sur une cote de popularité très supérieure à celle du chef de l'État et compte de nombreux soutiens chez les parlementaires de droite.

Si Nicolas Sarkozy multiplie les consultations sans rien dévoiler encore de ses intentions, il a eu ostensiblement mardi des marques de considération -- sourires et poignée de main appuyés -- pour son chef de gouvernement qui l'accompagnait pour la célébration du quarantième anniversaire de la mort du général de Gaulle, héros du combat de la France contre l'Allemagne nazie.

Le maintien d'un fidèle ne sera pas sans risque pour Nicolas Sarkozy: cela pourrait apparaître comme un «aveu de faiblesse faute d'une autre possibilité», pour une source gouvernementale.

Outre qu'il sera difficile de parler d'un «nouveau souffle», des observateurs soulignent qu'une mise à l'écart de Jean-Louis Borloo risquerait de favoriser une candidature centriste en 2012, faisant de l'ombre à Nicolas Sarkozy, candidat naturel de la droite.

Seule certitude, le nouveau gouvernement devrait être resserré. À ce stade, semble être acté le départ de Bernard Kouchner des Affaires étrangères, qui pourrait être remplacé par la ministre de l'Economie Christine Lagarde.