L'ONG Amnesty International et l'organisation américaine de défense de liberté de la presse CPJ ont appelé mardi le gouvernement russe à faire toute la lumière sur la sauvage agression dont a été victime un journaliste du quotidien Kommersant, Oleg Kachine.

«Personne ne devrait être au-dessus de la loi en Russie. Tous les coupables doivent comparaître en justice et doivent être punis pour ces crimes brutaux», a indiqué le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans un communiqué, en référence aux récentes agressions de journalistes, dont celle vendredi contre M. Kachine.

«Les autorités russes doivent arrêter cette tendance effrayante, lorsque des journalistes sont attaqués en toute impunité», relève de son côté Amnesty International.

Nombre de crimes contre les journalistes n'ont pas été élucidés ces dix dernières années, à l'instar de l'assassinat en 2006 de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa.

Oleg Kachine, 30 ans, était toujours plongé mardi dans un coma artificiel. Il souffre de plusieurs fractures, notamment du crâne.

Les enquêteurs ont indiqué privilégier «la piste de l'activité professionnelle du journaliste et de son engagement civique».

Cette agression a été condamnée jusqu'au sommet de l'État, le président russe Dmitri Medvedev promettant que les coupables seraient punis, même s'il s'agit de personnes influentes.

Le chef de la commission pour la politique en matière d'information de la Douma (Chambre basse du Parlement) Boris Reznik a indiqué qu'un amendement législatif allait être déposé afin que les agressions contre des journalistes soient passibles de 20 ans de prison, comme c'est déjà prévu en cas d'attaque contre les personnes dépositaires de l'autorité de l'Etat.

«J'ai envoyé ce projet de loi au gouvernement et à la Cour suprême» pour approbation, a-t-il dit à l'AFP.

L'une des pistes évoquées par Kommersant pour expliquer l'agression dont a été victime M. Kachine concerne sa couverture du mouvement de protestation contre la construction controversée d'une autoroute à travers la forêt de Khimki (banlieue de Moscou).

Ce projet, dont plusieurs détracteurs ont été violemment agressés, avait mobilisé l'opposition cet été, amenant M. Medvedev à geler le chantier.

Kommersant relève qu'Oleg Kachine a été attaqué de la même manière que le journaliste de Khimki Mikhaïl Beketov en 2008 et qu'un militant d'opposition de cette ville, Konstantin Fetissov. Ce dernier a été grièvement blessé à coups de batte de baseball la veille de l'agression contre M. Kachine.

M. Beketov, qui a passé des mois dans le coma et a été amputé d'une jambe après l'agression, est par ailleurs jugé depuis mardi pour diffamation, suite à une plainte déposée par le maire de Khimki, Vladimir Streltchenko.

Le procureur a requis 3000 roubles (100$) d'amende à l'encontre du journaliste dont les agresseurs n'ont jamais été arrêtés.