Le Conseil constitutionnel français a validé mardi la réforme des retraites adoptée par le Parlement à l'issue de plusieurs semaines de débats et de contestation, ouvrant la voie à la promulgation de cette loi dans les 15 jours et à un remaniement gouvernemental.

Au plus bas dans les sondages, le président français Nicolas Sarkozy, qui a fait de cette réforme le symbole de sa volonté à changer la France, avait annoncé il y a cinq mois qu'il remanierait son gouvernement peu après la promulgation de la loi.

Alors que l'impatience s'exprime au sein même de la majorité sur fond de rivalités entre le premier ministre François Fillon et son potentiel successeur Jean-Louis Borloo ministre de l'Écologie, le chef de l'État a répété lundi en petit comité qu'il attendait la promulgation pour mettre fin au suspense, ce qui devrait intervenir dans quelques jours.

La promulgation par le président de la République est le dernier acte législatif, celui qui donne au texte force de loi.

Cette réforme des retraites revient sur l'héritage des années Mitterrand en reculant de 60 à 62 ans l'âge minimal de départ à la retraite et de 65 à 67 celui auquel on peut obtenir une pension à taux plein.

Elle a été définitivement adoptée le 27 octobre par le Parlement après des semaines de contestation, des manifestations qui ont réuni jusqu'à 1,2 à 3,5 millions de personnes selon les sources et des grèves qui ont failli paralyser le pays.

Dans une ultime démarche, le Parti socialiste avait le 2 novembre saisi le Conseil constitutionnel au motif notamment que cette réforme portait «atteinte aux principes d'égalité».

Mais le Conseil a rendu un avis favorable à trois points que le premier parti d'opposition contestait, écartant les «griefs de procédure» et estimant que le législateur n'avait pas méconnu «le principe d'égalité ni l'exigence constitutionnelle relative à une politique de solidarité nationale en faveur des travailleurs retraités».

Après huit journées de manifestations en deux mois, tout au long du débat parlementaire, et un essoufflement du mouvement après l'adoption de la loi par le Parlement, les syndicats ont appelé à des actions locales «multiformes» pour le 23 novembre.

Ils se sont dit déterminés à ne pas refermer le dossier des retraites qui restera «durablement une question d'actualité», selon Annick Coupé du syndicat Solidaires, en allusion à l'échéance présidentielle de 2012.

Au-delà de l'opposition à la loi sur les retraites, la constestation massive a cristallisé les angoisses et la colère d'une partie des Français contre le président à 18 mois de la fin de son mandat.

Mardi, le porte-parole du parti de la majorité UMP Frédéric Lefebvre s'est réjoui de la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel, estimant que les Français allaient «pouvoir mesurer l'efficacité et la justice» du texte «à travers son application».

«Cette réforme est encore aujourd'hui contestée par 7 Français sur 10 donc, cette approbation ne valide en rien la loi d'un point de vue démocratique», a commenté pour sa part le patron des députés communistes Roland Muzeau.