La ville de Malmö, en Suède, et surtout ses immigrés, peuvent recommencer à respirer.

La police suédoise a arrêté samedi un homme qu'elle croit être le fameux tireur qui s'en prenait la nuit tombée aux habitants des quartiers multiculturels de la troisième ville en importance du pays.

Selon The Local, journal suédois publié en anglais, le suspect sera accusé d'un meurtre et de sept tentatives de meurtre, crimes survenus depuis un peu plus d'un an.

La procureure principale au dossier, Solveig Wollstad, a déclaré en conférence de presse dimanche que l'homme rejetait ces accusations.

Samedi, la police a trouvé chez lui deux armes à feu pour lesquelles il avait tous les permis nécessaires, ont aussi expliqué les autorités policières de la Scanie - région du sud où se trouve Malmö. Toutefois, on n'a pas voulu préciser à quel titre ces permis ont été obtenus.

On ne sait donc pas grand-chose de ce personnage, dont l'identité est protégée, en vertu des traditions juridiques suédoises, jusqu'à une éventuelle preuve de culpabilité. Les journaux locaux, qui ont parlé à ses proches, affirment qu'il s'agit d'un homme de 38 ans, plutôt solitaire, adepte des armes et du tir, mais qui n'est pas particulièrement connu pour ses positions racistes, xénophobes ou anti-immigration.

«Pour le moment, en fait, on attend les réponses aux questions que tout le pays se pose depuis le début. On ne sait rien de ses motivations», explique Daniel Poohl, rédacteur en chef de la revue trimestrielle Expo, joint au téléphone. Spécialiste des mouvements xénophobes, néonazis et d'extrême droite en Suède, ce magazine a été fondé par Stieg Larsson, auteur de la trilogie Millénium.

Selon M. Poohl, l'homme en question ne ferait pas partie d'organisations racistes connues. «Il n'a pas de lien avec des partis d'extrême droite», précise le journaliste. Il n'est pas impossible, dit-il, qu'il souffre tout simplement d'une maladie mentale.

Le pays présume qu'il est xénophobe parce que ses cibles étaient d'origine étrangère et parce que la Suède fait un rapprochement avec un autre tireur raciste, John Ausonius, alias Laserman, qui a semé la terreur dans Stockholm et Uppsala en 1991 et 1992. D'ailleurs, le nouveau tireur a été surnommé lui aussi Laserman.

Aussi, tout comme le premier épisode Laserman, cette série de crimes survient alors que l'extrême droite connaît des succès politiques en Suède. Aux dernières élections législatives, elle a fait élire 20 députés au Parlement. Aussi, un néonazi a été élu dans une assemblée municipale d'une petite ville de l'ouest du pays.

Normalement, à midi, les autorités annonceront si les preuves retenues contre le suspect permettent de le détenir encore une ou deux semaines, jusqu'à ce que le dossier entre réellement dans le processus pénal.

«En fait, affirme M. Poohl, la Suède devrait en savoir pas mal plus, très bientôt. Mais déjà les gens de Malmö sont soulagés.»