Un train de déchets radioactifs a atteint lundi sa gare terminus dans le nord de l'Allemagne après trois jours de trajet entravé par des militants antinucléaires qui bloquaient la voie ferrée et qui ont été évacués par les policiers durant toute la nuit.

Parti de France vendredi, «le train est arrivé à la gare de Dannenberg (nord) à 9h25 (3h25, heure de Montréal)», selon une porte-parole de la police. Il avait redémarré une heure auparavant, après une nuit d'arrêt à 25 km de là.

La cargaison de 123 tonnes de déchets, répartie dans onze wagons spéciaux «Castors», devait être transbordée pendant de longues heures sur des camions pour effectuer par route les 20 derniers kilomètres jusqu'à la mine de stockage de Gorleben, en Basse-Saxe.

«La station de déchargement est entourée d'un haut grillage et nous ne nous attendons pas à des heurts», a dit Achim van Remmerden, un porte-parole de la police.

Le transbordement était susceptible de durer jusqu'en soirée.

Dans la nuit, 3.000 militants ont été évacués dans le calme, selon la police. Dans un froid cinglant, avec un mercure sous les 0°C, des centaines de policiers ont délogé les opposants massés directement sur les rails ou à proximité, et munis de couvertures et de provisions.

Certains ayant tenté de retourner sur les voies après avoir été déplacés par les policiers ou n'ayant pas obtempéré ont été placés en garde-à-vue dans des tentes, a précisé une porte-parole. Leur nombre n'a pas été précisé.

Face aux policiers, beaucoup de militants ont accepté de quitter les rails par leurs propres moyens, mais de nombreux autres ont fait de la résistance, se laissant porter un à un loin de la voie.

La police avait tenté en vain dimanche soir de négocier avec les responsables du blocage. L'évacuation avait commencé peu après minuit et demi (18h30, heure de Montréal). Elle a duré plus de six heures.

Près de 20 000 policiers ont été mobilisés en Allemagne pour protéger ce convoi, selon le chef du syndicat policier DPolG, Rainer Wendt.

C'est le 12e rapatriement depuis 1995 de déchets retraités en France.

Le train a été retardé en plusieurs endroits dimanche, certains militants s'enchaînant aux rails, d'autres retirant du ballast sous la voie ferrée, et des milliers d'autres organisant des sit-in pacifiques.

Mais des violences avaient aussi émaillé la journée. Les policiers ont recouru aux matraques, aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau. Les heurts les plus violents ont notamment impliqué des «autonomes» (extrême gauche et anarchiste) qui ont tiré avec des fusées éclairantes et des grenades lacrymogènes sur les policiers, ceux-ci répliquant avec matraques et canons à eau. Plus tôt déjà, un blindé avait été incendié. La police avait là aussi répliqué avec force.

Les deux camps comptent des blessés, selon la police. Une manifestante blessée par un cheval de la police montée a apparemment eu «l'épaule cassée» et été évacuée par hélicoptère.

Le chef du syndicat policier GdP, Konrad Freiberg, a déploré le franchissement d'«un nouveau degré dans la violence».

Les organisations antinucléaires ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes tout le week-end, dont 50.000 personnes samedi pour une manifestation à Dannenberg - plus de 20.000 selon la police.

Objectif: retarder jusqu'au bout l'arrivée des conteneurs à Gorleben, où de tels rebuts sont stockés depuis 1995 sous un dôme de sel et où des fuites radioactives ont eu lieu.

Le mouvement antinucléaire redouble de vigueur en Allemagne depuis la décision du gouvernement d'Angela Merkel cette année de prolonger l'exploitation des 17 centrales nucléaires, que son prédécesseur social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005) voulait fermer.