Des militants antinucléaires ont réussi dimanche à bloquer pacifiquement un convoi de déchets radioactifs en Allemagne au terme d'une journée marquée par des heurts avec les policiers, mais ceux-ci ont commencé à évacuer les opposants dans la nuit.

Un barrage pacifique regroupant entre 3 et 5000 personnes, selon les sources, bloquait les rails vers Harlingen, une bourgade située à une quinzaine de kilomètres de Dannenberg, gare ferroviaire terminus de ce convoi parti vendredi de France.

«Des négociations ont eu lieu avec les responsables du blocage, qui n'ont pas abouti. L'évacuation a commencé après minuit et demi», a dit un porte-parole de la police à l'AFP.

L'opération devait durer. Des centaines de policiers devaient déloger les opposants un à un, dans un froid cinglant.

Greenpeace et un syndicat policier (DPolG) ont évoqué la perspective que le train ne reparte que lundi matin.

Une fois à Dannenberg, les conteneurs renfermant 123 tonnes de déchets radioactifs seront transbordés et acheminés par camions jusqu'au site de stockage de Gorleben, à 20 km de là.

Le train a été retardé en divers endroits dimanche par les antinucléaires, certains s'enchaînant aux rails, d'autres retirant du ballast sous la voie ferrée, tandis que des milliers d'autres organisaient des sit-in pacifiques.

Mais des incidents violents ont aussi eu lieu entre manifestants et policiers et les témoignages se sont multipliés dans les médias.

Le plus violent a impliqué des membres «de la mouvance autonome» (extrême gauche et anarchiste), selon la police, qui ont tiré avec des fusées éclairantes et des grenades lacrymogènes sur les policiers, ceux-ci répliquant avec matraques et canons à eau, dans la région de Dannenberg.

«Il y a eu des blessés du côté des manifestants comme parmi les policiers, mais je ne peux pas vous dire combien», selon un porte-parole de la police à Lüneburg. Et une manifestante, blessée par un cheval de la police montée, a apparemment eu «l'épaule cassée» et été évacuée par hélicoptère.

Dans la matinée, des militants avaient attaqué une première fois les policiers à coups de fusées éclairantes. Un blindé avait pris feu. La police avait répliqué avec des canons à eau, des matraques et du gaz lacrymogène.

Le chef d'un syndicat policier (GdP), Konrad Freiberg, a déploré «un nouveau degré dans la violence».

Dans les bois ou à travers champs, de petits groupes jouaient au chat et à la souris avec les policiers qui dressaient des barrages routiers. Plusieurs hélicoptères survolaient la région.

Les organisations antinucléaires ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes ce week-end pour retarder l'arrivée des conteneurs à la mine de Gorleben en Basse-Saxe, où de tels rebuts sont stockés depuis 1995 sous un dôme de sel.

Plus de 16 000 policiers étaient déployés pour protéger ce 12e rapatriement de déchets retraités en France.

Les antinucléaires comptaient poursuivre leur harcèlement jusqu'à Gorleben, un site qu'ils jugent dangereux et où des fuites radioactives ont été signalées.

Le mouvement antinucléaire redouble de vigueur en Allemagne depuis que la chancelière Angela Merkel a décidé cette année de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires, que son prédécesseur social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005) avait choisi de fermer en 2020.

Samedi, une vaste manifestation a réuni à Dannenberg 50 000 personnes selon les organisateurs, au moins 20 000 selon la police.

Traumatisée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986, la population allemande rejette majoritairement l'énergie nucléaire.