Près de 10 millions de Grecs votent ce dimanche pour élire leurs maires et présidents de régions, un scrutin local qui a pris l'allure d'un référendum sur l'austérité administrée au pays par le gouvernement Papandréou.

Le scrutin constitue le premier test électoral pour la majorité socialiste contrainte dès son arrivée au pouvoir il y a un an à faire face à une crise financière inédite. Ouvert à 07h00, heure locale, il doit se conclure à 19h00 (01h00-12h00, heure de Montréal), les premiers résultats significatifs étant attendus vers 22h00 (15h00, heure de Montréal).

Avec un second tour le 14 novembre, les Grecs doivent élire 13 présidents de région et 325 maires, à l'issue d'une réforme juste bouclée des collectivités locales censée rendre l'administration plus efficace et moins dépensière.

Dramatisant l'enjeu alors que la grogne montait contre la cure de rigueur dictée par l'Union Européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), et que d'autres mesures impopulaires, notamment de réduction du secteur public, restent à venir, le premier ministre, Georges Papandréou, a réclamé aux électeurs qu'ils lui renouvellent clairement sa confiance.

«Nous décidons de la stabilité du pays, qui est nécessaire pour poursuivre les réformes évidentes que nous devons mener, même si elles sont parfois douloureuses», a-t-il dit après avoir voté dimanche. Samedi, il avait souligné «ne pas bluffer» en menaçant sinon de convoquer des législatives anticipées.

Selon ses services, le premier ministre s'exprimera peu après l'annonce des premiers résultats officiels, en l'absence cette année de sondages de sortie des urnes, sacrifiés par les médias aux impératifs d'économie.

Appelant à voter contre le plan de trois ans UE-FMI, l'opposition de droite d'Antonis Samaras s'est bien gardée d'emboîter le pas à M. Papandréou, encore trop plombée par la désastreuse gestion de la précédente équipe conservatrice (2004-2010) pour représenter une alternative, selon les analystes.

«Les Grecs n'ont pas peur (...) ils vont envoyer au gouvernement un message de changement», a affirmé M. Samaras, chef de la Nouvelle-Démocratie (ND) (droite) en sortant du bureau de vote.

En dépit de la chute du niveau de vie, de l'aggravation de la récession et de la montée du chômage, les analystes tablent sur un maintien de l'avance socialiste sur la droite, le critère étant l'ampleur de l'écart, qui avait grimpé à dix points lors des législatives d'octobre 2009.

Au premier tour, la bataille se joue surtout en Attique, la région d'Athènes, qui concentre 30% des électeurs et où le socialiste dissident Giannis Dimaras, parti en guerre contre l'austérité, a le vent en poupe, devant le candidat officiel du parti socialiste Pasok, Yannis Sgouros et son rival de droite Vassilis Kikilas.

Convenant que M. Papandréou ne bluffe pas, le politologue Ilias Nikolakopoulos juge toutefois que la tenue de législatives en ce moment «serait une catastrophe pour l'économie».

L'affaire des colis piégés adressés cette semaine à des autorités étrangères par des extrémistes anarchistes grecs n'aura «aucune influence sur le vote,», a-t-il par ailleurs relevé pour l'AFP.

Les menaces de M. Papandréou ont déjà «provoqué le mécontentement» de l'UE et du FMI et fait remonter les taux grecs, déplorait dimanche le quotidien libéral Kathimérini.

Quoi qu'il décide au final, M. Papandréou «se prépare déjà» à un regain de rigueur réclamé par Bruxelles et le FMI, écrivait pour sa part Elefthérotypia (gauche indépendante).

La prochaine visite des représentants des bailleurs de fonds, dont dépendra le versement de la troisième tranche du prêt de 110 milliards d'euros (155 milliards de dollars) débloqué en mai, doit débuter le 15 novembre, au lendemain du second tour.