La France et la Chine ont signé jeudi une série d'accords industriels et commerciaux d'un montant de 20 milliards de dollars, signe de la nouvelle lune de miel amorcée entre les deux pays, au premier jour d'une visite d'État du président chinois Hu Jintao.

Hu Jintao a annoncé que la Chine soutenait la France «dans ses efforts pour assurer le succès» de sa présidence du G20, qui débutera le 12 novembre, dans son discours au dîner d'État à l'Elysée, sa seule prise de parole publique prévue.

Juste avant, Nicolas Sarkozy a réédité son souhait d'«associer étroitement la Chine aux travaux de la présidence française du G20».

Tapis rouge et honneurs militaires, le protocole n'avait omis aucun détail pour faire de la deuxième visite d'État du numéro un chinois en France un succès sans faille, et effacer la brouille née en 2008 du passage agité de la flamme olympique des Jeux de Pékin à Paris et de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains en exil.

Quelques heures après l'arrivée à Paris du numéro un chinois, les deux dirigeants sont entrés dans le vif du sujet à la faveur d'un entretien d'une heure à l'Élysée, suivi d'une première cérémonie de signature de contrats, dont le montant a été estimé à «plus de 20 milliards de dollars» par la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying, et à 16 milliards d'euros (22 milliards de dollars) par l'Élysée.

Premier bénéficiaire de ces gros contrats, l'avionneur européen Airbus a signé ou confirmé des accords avec des compagnies chinoises pour la livraison de 102 avions (50 moyen-courriers A320, 42 long-courriers A330 et 10 nouveaux long-courriers A350) pour un montant annoncé de 14 milliards de dollars.

Areva a pour sa part signé pour la fourniture sur dix ans de 20 000 tonnes d'uranium naturel ou enrichi au groupe d'électricité chinois CGNPC, pour un montant d'environ 3,5 milliards de dollars. Ce contrat remplace un précédent accord signé en novembre 2007.

La PDG du groupe nucléaire Anne Lauvergeon a aussi paraphé un accord avec l'électricien chinois CNCC qui pourrait aboutir à la construction d'une usine de retraitement des déchets nucléaires du type de celle de La Hague, située dans l'ouest de la France.

Enfin, Total a annoncé son intention d'investir avec le groupe China Power Investment corporation (CPI) 2 à 3 milliards d'euros (2,85 à 4,3 milliards de dollars) dans une usine pétrochimique de transformation du charbon en Chine.

À l'issue de ce premier entretien, les deux parties ont souligné la grande qualité de leur relation. «Cette visite se déroule très bien», s'est réjouie Mme Fu, annonçant que son pays envisageait de doubler d'ici à cinq ans le montant actuel de ses échanges annuels commerciaux avec la France, actuellement à 40 milliards de dollars.

Même si le protocole avait pris soin de ne pas prévoir de conférence de presse, la question controversée des droits de l'homme en Chine a été brièvement évoquée publiquement.

En réponse à une question, Mme Fu a écarté la question du sort réservé par les autorités chinoises au prix Nobel de la Paix 2010, le dissident Liu Xiaobo en estimant que cette question n'était «pas un sujet à aborder entre la Chine et la France». «Liu a violé la loi et a été condamné», a-t-elle ajouté.

Les ONG de défense des droits de l'homme ont dénoncé le «renoncement» de la France, qui a selon elle fait le choix de brader la défense des droits de l'homme en échange de contrats juteux et pour s'attirer les bonnes grâces de la Chine avant «sa» présidence du G20.

Quelques centaines de manifestants ont protesté contre le déroulement de cette visite jeudi à Paris.

La question du G20 sera au coeur de la deuxième journée de la visite, vendredi à Nice, où Hu Jintao a souhaité se rendre.

Le président chinois a d'ores et déjà appelé Paris et Pékin à «renforcer» leur «coordination pour relever ensemble les défis» sur «les questions planétaires».

La Chine, qui refuse de se laisser dicter le calendrier de réévaluation de sa monnaie, le yuan, a néanmoins appuyé, dans une déclaration commune publiée jeudi, la nécessité de «refonder (...) le système financier international sur des bases plus saines et plus solides».