Les députés de la majorité ont approuvé mercredi la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Ils espèrent ainsi couper définitivement l'herbe sous le pied des organisations syndicales.

À la demande des socialistes, le Conseil constitutionnel reverra le projet de loi controversé, que le Sénat a entériné lundi. Les socialistes, qui veulent mener «la bataille jusqu'au bout», espèrent freiner la promulgation de la loi, prévue à la mi-novembre.

Comme ils l'avaient fait la veille, les ténors du gouvernement ont martelé mercredi que l'heure n'est plus aux manifestations. «La loi de la République doit être désormais acceptée par tous», a déclaré le premier ministre, François Fillon.

Aucun manifestant n'était visible mercredi aux abords de l'assemblée nationale en prévision du vote, qui a eu lieu en fin d'après-midi.

«C'est plié... Les Français ont compris qu'on ne peut pas faire autrement, a indiqué à La Presse un employé de l'institution qui n'a pas voulu donner son nom. La démographie, l'espérance de vie, tout va dans le même sens. C'est mathématique. Il faut réformer pour financer les retraites.»

«C'est plié», a aussi déclaré un journaliste de la télévision française, qui a évoqué l'effet démobilisateur des vacances de la Toussaint.

Selon les médias français, les actions de contestation étaient en baisse dans le pays, y compris à la SNCF, où le nombre de grévistes était à son plus bas depuis le début d'arrêts de travail reconductibles à la mi-octobre. Le nombre de stations d'essence en pénurie demeurait autour de 20%.

Appel à la mobilisation

Les syndicats, qui ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation jeudi, assurent que le vote de l'Assemblée nationale ne met pas fin au conflit.

L'opposition à la réforme reste «très majoritaire parmi les salariés et dans la population, mais la manière de s'y opposer évolue», a souligné le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, qui demande au président français, Nicolas Sarkozy, de ne pas promulguer la loi en l'état.

«On est dans une nouvelle étape, mais une nouvelle étape ne veut pas dire la fin des choses», a prévenu prévient pour sa part le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque.

L'Union nationale des étudiants de France (UNEF), qui avait demandé à ses membres de manifester un peu partout dans le pays mardi pour prendre le relais des lycéens, en congé, pense aussi que le conflit est loin d'être terminé. «Le gouvernement vise clairement à démoraliser les gens, à faire croire qu'il ne sert plus à rien de manifester et qu'il vaut mieux rester chez soi, mais ça ne correspond pas à l'esprit que l'on voit chez les jeunes ou chez les salariés», a indiqué mercredi une porte-parole, Vanessa Favaro.

Elle a cité l'exemple du projet de loi sur le contrat première embauche, voté en 2006 par le Parlement, qui n'a jamais été promulgué en raison de l'opposition populaire.