Après des mois de blocage, l'Union européenne a accepté lundi de faire franchir à la Serbie une étape symboliquement importante dans son rapprochement avec le bloc des 27, afin de la récompenser de ses efforts pour nouer le dialogue avec le Kosovo.

Dans le même temps, l'Europe a maintenu la pression sur Belgrade pour qu'elle parvienne à faire arrêter l'ancien général serbe Ratko Mladic, en fixant des conditions strictes pour la suite du processus.

Dans le détail, les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg, ont décidé de confier à la Commission européenne le soin d'étudier et de rendre un avis sur la candidature de la Serbie à l'UE. Bruxelles essaiera de rendre son avis au deuxième semestre 2011.

Belgrade avait déposé sa candidature en décembre 2009, mais les 27 n'étaient jusqu'ici pas parvenus à s'entendre sur la suite à y donner.

«C'est une étape purement technique et nous ne sommes pas encore à décider d'accorder à la Serbie le statut de candidat à l'UE, mais symboliquement c'est important», juge un diplomate européen.

De nombreux pays européens poussaient en ce sens. Ils estiment qu'il faut à présent récompenser Belgrade pour son spectaculaire rapprochement avec le Kosovo, illustré par le vote en septembre d'une résolution commune avec l'UE à l'Assemblée générale des Nations unies appelant au «dialogue» entre Belgrade et Pristina sur des sujets concrets.

Le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance en février 2008 en dépit de l'opposition de la Serbie qui le considère toujours comme une province lui appartenant.

«Le président (serbe Boris) Tadic a réalisé des progrès considérables», a indiqué le secrétaire d'État français aux Affaires étrangères, Pierre Lellouche.

«La Serbie s'est montrée coopérative et s'est comportée de manière équitable aux Nations unies», a aussi jugé le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. Il est donc temps «d'apporter notre contribution et (de) faire en sorte que la Serbie enregistre un progrès en Europe», a-t-il ajouté.

Les Pays-Bas, où un nouveau gouvernement minoritaire soutenu par l'extrême droite vient d'arriver au pouvoir, se sont longtemps opposés à un geste en faveur de Belgrade sans arrestation des anciens militaires serbes encore recherchés par la justice internationale.

Le pays accueille le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPI) et reste surtout traumatisé par le souvenir du massacre de quelque 8000 Musulmans bosniaques à Srebrenica en juillet 1995, que les casques bleus néerlandais sur place n'avaient pas empêché.

La Haye réclame l'arrestation des derniers fugitifs encore recherchés par le tribunal, Ratko Mladic et Goran Hadzic.

L'ancien général Mladic, 68 ans, est inculpé pour génocide pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). Quant à Goran Hadzic, il est l'ancien chef politique des Serbes de Croatie pendant le conflit serbo-croate (1991-95).

Pour satisfaire les réticences néerlandaises, les pays de l'UE ont adopté un texte en forme de mise en garde à l'égard des autorités serbes.

Il stipule que «les prochaines étapes sur la voie de la Serbie vers l'adhésion seront franchies lorsque l'UE décidera de manière unanime qu'il y a pleine coopération» de ce pays avec le tribunal de La Haye.

Et «la preuve la plus convaincante» serait l'arrestation des fugitifs Mladic et Hadzic, souligne le texte.

Le président serbe Boris Tadic a justement assuré lundi que son gouvernement ne cesserait jamais ses efforts pour faire arrêter M. Mladic, conformément à ses «obligations internationales».