La bataille contre la réforme des retraites en France, qui devrait être adoptée définitivement mercredi, entre dans sa dernière ligne droite, avant une semaine marquée par de nouvelles manifestations, la poursuite des grèves et des pénuries de carburant.

Au plus bas dans les sondages, le président Nicolas Sarkozy est confronté à la plus grave crise depuis son élection en 2007. Il compte sur les vacances de la Toussaint, commencées vendredi soir, pour affaiblir la mobilisation, avant de remanier son gouvernement.

De leur côté, les syndicats vont lancer toutes leurs forces dans le dernier bras de fer avant le vote final de la loi en maintenant la pression dans le secteur de l'énergie et en organisant plusieurs journées d'action: les étudiants seront mardi dans la rue, avant une journée nationale de contestation jeudi puis le 6 novembre.

Le président joue gros à 18 mois de la présidentielle: il a fait de cette réforme, qui repousse de 60 à 62 ans l'âge minimal de départ à la retraire, une priorité de la fin de de son mandat et le symbole de son engagement à changer la France.

Selon un sondage Ifop paru dans le Journal du Dimanche, le président passe sous la barre des 30% d'opinions favorables.

Toujour à sec

Dimanche, la France était toujours frappée par des difficultés d'approvisionnement en carburant, essentiellement en région parisienne (35% des pompes à sec) et dans l'ouest (environ 30%), avec une station-service sur quatre en manque de carburant, selon les autorités.

«Dans les zones Est, Sud-ouest, Nord et Sud, environ 10 et 15% des pompes sont à sec», a précisé une porte-parole du ministère de l'Energie.

Pour faciliter la circulation pour ce week-end de départs en vacances de la Toussaint, le gouvernement avait déclaré prioritaire l'approvisionnement des stations-service du réseau autoroutier, incité à la mutualisation des stocks commerciaux et autorisé les poids lourds à circuler le dimanche.

Évoquant une «lente amélioration» mais refusant de donner une date de retour à la normale, le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a appelé samedi soir à la reprise du travail dans les 12 raffineries du pays, toutes en grève et à l'arrêt, affirmant que le pays était «passé à côté d'une crise d'une extrême gravité».

Selon les sites internet sur le prix des carburants, devenus le point de ralliement des automobilistes à la recherche de stations ouvertes, un peu plus d'un tiers des 12 300 stations françaises étaient encore à court de carburant.

La situation pourrait encore se dégrader lundi, selon l'Union française des industries pétrolières, du fait du repos obligatoire des chauffeurs de camions-citernes qui alimentent les pompes.

Outre les blocages du secteur pétrolier, la contestation s'est poursuivie ce week-end dans les transports, avec des perturbations dans les chemins de fer et des manifestations sur les routes, et aussi avec des grèves d'éboueurs dans plusieurs grandes villes, comme Marseille (sud-est) ou Toulouse (sud-ouest).

Pour la septième journée d'actions nationale depuis la rentrée, prévue jeudi, les syndicats espèrent, en dépit des vacances, faire aussi bien que lors des présédentes mobilisations, où entre 1,1 et 3,5 millions de personnes (selon les sources) étaient descendues dans les rues.

Mais s'ils ont réussi à maintenir la mobilisation à un niveau inégalé en France depuis 15 ans, ils doivent aussi songer à la sortie du conflit en tentant de préserver leur unité et sans se laisser déborder par leurs bases.

Dans une volonté d'apaisement, le conseiller social du président, Raymond Soubie, a assuré dimanche qu'il n'y aurait «ni vainqueur, ni vaincu» à l'issue du bras de fer. «Cette réforme passera, c'est une victoire pour la France et les Français», a-t-il estimé, saluant l'attitude «responsable» des syndicats.