Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi un profond remaniement de son gouvernement, en espérant imposer ainsi sa politique d'austérité face à la crise et redresser une popularité en chute libre.    

Deux ministres emblématiques de l'équipe Zapatero, la vice-présidente Maria Teresa Fernandez de la Vega et le chef de la diplomatie Miguel Angel Moratinos, tous deux en poste depuis 2004, quittent le gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba, un autre poids-lourd souvent présenté comme le successeur potentiel de M. Zapatero, devient numéro deux du gouvernement.

«Le moment est venu de faire un important remaniement du gouvernement», a déclaré M. Zapatero devant la presse.

Cette nouvelle équipe permettra «avec un effort renouvelé» de «mener à bien les réformes économiques et sociales nécessaires pour la reprise économique», a-t-il ajouté.

Ce remaniement est annoncé au moment où M. Zapatero vient de s'assurer une majorité absolue à la chambre des députés pour faire approuver son projet de budget 2011, marqué par une importante cure d'austérité.

Ce budget, actuellement en première lecture au parlement, prévoit une réduction des dépenses de l'État de 7,9%, soit 122 milliards d'euros (170 milliards de dollars).

Parmi les changements les plus notables, M. Moratinos, spécialiste du Proche-Orient et avocat du rapprochement de l'Union européenne (UE) avec Cuba, est remplacé par la ministre de la Santé sortante Trinidad Jimenez.

Mme de la Vega cède la place de premier vice-président et porte-parole du gouvernement à Alfredo Perez Rubalcaba, artisan de la lutte contre l'organisation basque armée ETA, qui conserve son portefeuille de l'Intérieur.

Le ministre du Travail, Celestino Corbacho, dont le départ a déjà été annoncé début septembre, est remplacé par Valeriano Gomez, professeur d'économie et ancien responsable du syndicat UGT.

Il était prévu depuis septembre que M. Corbacho quitte le gouvernement pour se présenter aux élections régionales en Catalogne fin novembre.

La jeune numéro trois du Parti socialiste espagnol (PSOE), Leire Pajin, 34 ans, remplace Trinidad Jimenez à la Santé tandis que la ministre de l'Économie, Elena Salagado, reste à son poste.

Ce remaniement est également marqué par l'arrivée d'une ancienne figure de la coalition écolo-communiste Izquierda Unida, Rosa Aguilar, ex-maire de Cordoue (sud), au poste de ministre de l'Environnement, Mer et Agriculture en remplacement d'Elena Espinosa.

Ce remaniement est le deuxième depuis les élections générales de mars 2008 qui avaient permis à M. Zapatero d'engager un deuxième mandat.

En avril 2009, un premier remaniement avait été marqué par le départ du ministre de l'Économie et des Finances Pedro Solbes, victime collatérale de la crise économique.

Avec cette équipe remaniée, M. Zapatero cherche à trouver un second souffle en prévision notamment d'élections régionales et municipales au printemps 2011.

Sa cote de popularité a beaucoup souffert de la crise que traverse le pays depuis 2008 et de la cure d'austérité destinée à redresser les comptes publics.

Aujourd'hui, le pays affiche une timide reprise économique mais le chômage continue d'être très élevé (plus de 20%), avec plus de 4 millions de sans-emploi.

Un sondage publié début octobre par le quotidien El Pais ne donnait plus que 28,5% d'intentions de vote au PSOE contre 43% pour le Parti Populaire (PP, opposition conservatrice) alors qu'il y a un an, les deux partis étaient au coude-à-coude.

D'après ce même sondage, M. Zapatero ne disposait plus que de 22% d'opinions favorables contre 31% un mois avant.