Le premier ministre David Cameron a dévoilé mardi au parlement la nouvelle doctrine militaire britannique, expliquée par «l'évolution des menaces», mais caractérisée par de sévères coupes en pleine bataille contre un déficit public record.

D'emblée, le chef de la coalition des conservateurs et libéraux-démocrates arrivé au pouvoir en mai a fait valoir que la défense était relativement épargnée. Les coupes, d'environ 8%, sont inférieures à celles infligées aux autres ministères dans le pan d'austérité attendu mercredi.

Dans la colonne des moins, David Cameron a notamment annoncé le retrait immédiat du service du navire-amiral de la Navy, le porte-avions HMS Ark Royal, et la suppression de 42 000 emplois d'ici à 2015 dans le secteur de la défense: 25 000 fonctionnaires, 5000 hommes dans la RAF et dans la Navy, et 7000 soldats. Par ailleurs, 40% des chars de combat et des pièces d'artillerie lourde seront abandonnés, ainsi que les avions de combat Harrier, tandis que les 20 000 soldats déployés en Allemagne seront rapatriés à l'horizon 2020.

En revanche, le premier ministre a confirmé la construction de deux porte-avions commandés par le précédent gouvernement travailliste. Leur abandon aurait coûté plus cher en raison des dédits, a-t-il précisé. Il a aussi indiqué que le coûteux programme de modernisation de la force de dissuasion nucléaire serait mené à bien, mais repoussé pour ménager les finances publiques et les libéraux-démocrates, hostiles à la mesure.

Enfin, David Cameron a insisté sur le fait qu'aucune économie ne viendrait hypothéquer l'effort de guerre en Afghanistan, où sont déployés environ 10 000 soldats britanniques.

«La Grande-Bretagne a traditionnellement combattu dans une catégorie supérieure à la sienne dans le monde, et nous ne devrions pas avoir d'ambitions révisées à la baisse dans les décennies à venir», a déclaré le premier ministre. Non sans dénoncer le «pétrin» hérité de 13 ans de pouvoir travailliste.

Les mesures annoncées mardi s'inscrivent dans le cadre d'une revue stratégique et d'un livre blanc bouclés en cinq mois qui ont conduit à recenser quatre menaces de «niveau 1»: le terrorisme d'Al-Qaïda et de ses affidés, ainsi que le terrorisme nord-irlandais; les cyber-attaques d'États ou d'individus hostiles; les catastrophes naturelles et les crises internationales motivant une intervention.

Cependant, la revue suggère que Londres ne sera plus à même à l'avenir de mener des campagnes d'envergure sur une longue durée, du type Irak ou Afghanistan, deux conflits au demeurant particulièrement impopulaires.

De toutes les mesures, celles concernant l'abandon du HMS Ark Royal et la construction de deux autres porte-avions ont été les plus décriées. Elles signifient que le Royaume-Uni se retrouvera dans l'incapacité de faire décoller des chasseurs à partir de porte-aéronefs pendant près de 10 ans.

Le porte-parole de l'opposition travailliste Ed Miliband a dénoncé un rapport «bâclé et «non crédible», et plusieurs députés conservateurs ont exprimé leurs craintes d'un amenuisement des capacités de défense nationale.

Et si le chef des armées, Sir Jock Stirrup, a relevé la nécessité de «choix difficiles dans des circonstances financières difficiles», l'un de ses prédécesseurs, Lord Boyce, a dénoncé des choix «dictés par un souci économique» qui ne méritent pas «le qualificatif de stratégique», reprenant les critiques formulées par nombre de chefs militaires sous couvert de l'anonymat.

David Cameron avait téléphoné lundi soir au président Barack Obama pour l'assurer que le meilleur allié des États-Unis resterait «une puissance militaire de premier plan», avec le 4e budget militaire au monde.