Après deux guerres sanglantes déclenchées dans les années 90 par l'armée russe pour écraser les velléités d'indépendance de la Tchétchénie, Moscou veut la paix.

Pour l'instant, l'ancien rebelle Ramzan Kadyrov en est le garant. Si quelques jeunes continuent à se joindre à la guérilla, désormais tournée vers l'islam radical, la plupart des anciens combattants se sont ralliés au pouvoir tchétchène pro-russe.

Charia officieuse

Sous la main de fer du jeune potentat, la Tchétchénie dévastée par les bombes russes a été presque entièrement reconstruite grâce aux subsides de Moscou. À Grozny et ailleurs, des ouvriers turcs font pousser les gratte-ciel à vue d'oeil. À la demande du chef de la République, ils travaillent jour et nuit.

Ramzan Kadyrov, qui a obtenu carte blanche du Kremlin pour stabiliser sa république historiquement trouble, en a fait son royaume personnel. Selon les organisations de défense des droits de la personne, ses milliers d'hommes armés continuent en toute impunité les exactions autrefois commises par les soldats russes contre ceux que l'on soupçonne d'appartenir à la guérilla ou de l'aider.

Kadyrov a toujours affirmé que les lois russes seraient respectées en Tchétchénie, mais que «rien ne passe avant la religion».

Devant cette charia officieuse, Moscou est impuissant comme l'était, en son temps, le pouvoir soviétique, qui n'a jamais réussi à réellement imposer ses lois en Tchétchénie. La force des traditions locales, comme la vengeance du sang et la polygamie, de nouveau encouragées par Kadyrov, les dépasse.