Neuf jours après la coulée de boue rouge meurtrière en Hongrie, les autorités ont décidé mercredi le redémarrage de l'usine d'aluminium à l'origine de l'accident qui a fait neuf morts selon un nouveau bilan.

«Nous avons déjà remis en marche le chauffage industriel», et dès que la bonne température sera atteinte, «nous ferons redémarrer la production, jeudi ou vendredi», a dit M. György Bakondi, commissaire du gouvernement chargé de la gestion de la société, au cours d'une conférence de presse commune avec le ministre de l'Intérieur Sandor Pinter.

Selon ce dernier, la situation sanitaire «est de nouveau sûre à Devecser», petite ville durement touchée par la boue rouge. Les autorités vont lever «l'état de pré-évacuation» en vigueur dans cette localité depuis samedi dernier, après l'évacuation de Kolontar, le village voisin qui a reçu la majeure partie de la marée toxique.

M. Pinter a aussi indiqué que les habitants de Kolontar pourraient retourner dans leur village samedi.

«Ils doivent attendre jusqu'à samedi non pas à cause d'une crainte d'une deuxième inondation, mais parce que les travaux de protection ne sont pas encore tout à fait terminés», a-t-il précisé.

Une nouvelle digue doit les protéger de toute éventuelle nouvelle inondation. «Il n'y aura plus de catastrophes», a assuré Tibor Dobson, chef régional des services de lutte contre les catastrophes, dans un entretien radiophonique.

L'organisation Greenpeace a toutefois mis en garde contre la pollution liée à la dissémination de fines poussières -de la boue rouge qui a séché-, dans la région. «Ses effets sont très nocifs pour la santé» des habitants «sans vêtements de protection», a-t-elle averti dans un communiqué, promettant pour jeudi des détails sur la composition de cette poussière.

Le 4 octobre, un réservoir fissuré de l'usine de bauxite-aluminium d'Ajka, à 160 km à l'ouest de Budapest, a rompu et environ 700 000 mètres cubes de boue rouge toxique se sont déversés sur les villages aux alentours, provoquant une catastrophe écologique.

L'accident, le pire qu'ait connu la Hongrie, a fait neuf morts. Le bilan s'est alourdi mercredi après le décès d'une personne âgée qui a succombé à ses blessures. Une quarantaine de personnes sont toujours soignées à l'hôpital, dont une dans un état très grave.

Le tribunal municipal de Veszprém doit de son côté annoncer plus tard dans la journée si le directeur général de la société MAL Zoltan Bakonyi, interpellé par la police lundi, sera ou non placé en détention préventive.

Le président de la société, Lajos Tolnay, continue de démentir la responsabilité de MAL. «Les ouvriers ont respecté les règles de sécurité, la société n'est pas responsable», a-t-il déclaré dans une interview accordée à l'hebdomadaire économique Figyelô à paraître jeudi.

«Il est très important pour nous aussi, que les causes de la catastrophe soient déterminées, et que les responsabilités soit identifiées», a-t-il ajouté.

«Le redémarrage de l'usine est important aussi», a poursuivi M. Tolnay, rappelant que le site employait quelque 1100 personnes.

Selon les informations du premier quotidien hongrois, le Nepszabadsag, le directeur général de la société, ainsi que d'autres dirigeants de MAL, était en fait au courant depuis des semaines de l'existence d'écoulements de boue rouge hors du réservoir qui a cédé le 4 octobre.

Le Nepszabadsag affirme que la police hongroise a collecté au moins vingt témoignages d'ouvriers de l'usine, qui devaient «tenir leur langue» s'ils voulaient garder leur emploi.

L'État hongrois a pris mardi officiellement le contrôle de la société MAL en décidant sa nationalisation.