La fille de l'héritière des cosmétiques L'Oréal Liliane Bettencourt a pour la troisième fois saisi un juge des tutelles pour obtenir la mise sous protection de sa mère, qu'elle estime avoir été financièrement abusée, a annoncé lundi une source judiciaire.

Françoise Meyers-Bettencourt a demandé mercredi dernier la saisie du juge des tutelles de Courbevoie (banlieue parisienne), alors que deux précédentes demandes de mise sous tutelle de la femme la plus riche de France ont déjà été repoussées en raison de l'absence d'expertise médicale.

«Une demande de saisie du juge des tutelles de Courbevoie a été envoyée mercredi concernant la mise sous protection de Liliane Bettencourt», a déclaré la source judiciaire.

Liliane Bettencourt avait annoncé dimanche dans un courrier à l'AFP qu'elle envisageait des poursuites judiciaires pour mettre fin au «harcèlement» dont elle s'estime victime de la part de sa fille.

Françoise Bettencourt-Meyers estime que sa mère de 87 ans est psychologiquement diminuée et qu'elle dilapide sa fortune. Elle accuse notamment le photographe mondain François-Marie Banier d'avoir abusé de la faiblesse de sa mère pour avoir obtenu près d'un milliard d'euros de dons en assurances-vie et en tableaux dans les années 1990 et 2000.

En juillet, le procureur de Nanterre (près de Paris), Philippe Courroye, avait jugé irrecevable la demande de saisine du juge des tutelles déposée par la fille de Liliane Bettencourt en raison de l'absence de certificat médical de la milliardaire.

Mme Bettencourt-Meyers avait demandé un premier placement sous tutelle de sa mère en décembre 2009, en saisissant directement le juge des tutelles de Neuilly-sur-Seine (près de Paris). Ce dernier avait refusé d'ouvrir une telle procédure en raison, là aussi, de l'absence d'expertise médicale.

Cette affaire avait brusquement débordé du cadre familial en juin au moment de la révélation dans la presse d'écoutes pirates réalisées au domicile de Liliane Bettencourt et visant à démontrer sa fragilité psychologique.

Mis en cause par ces écoutes, le ministre français du Travail Eric Woerth, pilier du gouvernement du président Nicolas Sarkozy, doit depuis se défendre d'accusations de conflit d'intérêts et de financement politique illégal.