Les craintes pour l'écosystème du Danube en Hongrie se sont atténuées vendredi alors que la pollution semblait battre en retraite après le grave accident chimique qui a fait sept morts, selon un nouveau bilan.

Selon les dernières mesures effectuées vendredi dans la matinée, le niveau du PH du Danube à Komarom (80 kilomètres à l'ouest de Budapest) était de 8,3 sur une échelle allant jusqu'à 14, a indiqué à l'AFP la porte-parole des services anti-catastrophes, Györgyi Töttös.

Ce chiffre est légèrement supérieur à la normale, entre 7 et 8, mais n'a plus d'effets nocifs sur l'écosystème, selon elle.

Alors que le deuxième plus long fleuve d'Europe après la Volga semblait avoir évité le pire, le bilan humain de l'accident s'est alourdi à sept morts.

Un homme âgé de 79 ans a succombé à ses blessures à l'hôpital de Veszprem où il était soigné, a appris l'AFP auprès des services anti-catastrophes et de la direction de l'hôpital.

Plus tard dans la journée, le corps d'une des personnes portées disparues, dont ni l'identité, ni le sexe n'ont été révélées, a été découvert dans un terrain de sport, sous la boue, où il gisait depuis lundi.

Quelques heures plus tard, les forces de secours ont découvert le corps d'une septième personne, non loin de là. Une personne restait disparue vendredi en fin de journée.

Lundi, quatre personnes, dont une petite fille de 14 mois, avaient succombé à la coulée de boue rouge émanant d'un réservoir de l'usine de bauxite-aluminium de la société MAL, située à Ajka (160 kilomètres à l'ouest de Budapest).

Ce dernier s'est rompu, déversant une marée de boue toxique sur sept villages avoisinants. L'accident, sans précédent en Hongrie, a fait aussi 150 blessés.

Les causes du drame restent à élucider, mais le gouvernement et les organisations de protection de l'environnement comme Greenpeace ont accusé la société MAL d'avoir entreposé une charge excessive de boue rouge dans le réservoir.

Le directeur de Greenpeace-Hongrie, Zsolt Szegfalvi, avait notamment signalé que sur des images satellitaires une fissure était déjà visible sur la digue un jour avant l'accident.

Alors que les experts estiment que l'effet alcalin sera de courte durée le long du Danube, le niveau de la pollution par des métaux lourds reste à déterminer.

«Il y a un risque que la pollution affecte durablement l'environnement et la chaîne alimentaire», a ainsi averti Herwig Schuster, chimiste de Greenpeace, lors d'une conférence de presse à Vienne. Selon les analyses faites sur place par l'organisation écologiste, «le taux d'arsenic de 110 milligrammes par kilo est deux fois supérieur à la normale. Le mercure est aussi en excès et peut être absorbé par les poissons», a-t-il affirmé.

Jeudi soir, le gouvernement hongrois avait officiellement demandé à l'Union européenne une aide de la protection civile européenne. Budapest souhaite l'envoi de «trois à cinq experts» spécialisés dans le domaine des boues toxiques, de la décontamination et de l'environnement.

À Kolontar, le village le plus touché par la coulée de boue, les autorités anti-catastrophes ont demandé à tous les villageois de porter un masque. La boue rouge a séché et s'est transformée en poudre très fine, qui irrite les yeux, pique la peau et constitue un risque pour le système respiratoire.

Les autorités espèrent terminer le gros du travail de nettoyage à Kolontar et à Devecser d'ici lundi.

Le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros a offert jeudi soir un million de dollars pour aider à financer la reconstruction. «La Hongrie doit mettre en place des mesures préventives afin de garantir» qu'un tel accident «ne se reproduise plus», a-t-il déclaré.