Une femme intégralement voilée, assise dans le public d'un procès en banlieue parisienne, a été exclue de la salle d'audience vendredi, au lendemain de la validation par le Conseil constitutionnel d'une loi interdisant la burqa dans l'espace public en France.

«Les personnes dont le visage est visible sont autorisées à rester dans la salle en conservant leur foulard. En revanche, pas celle au premier rang dont seuls les yeux sont visibles», a dit la présidente de la cour siégeant dans une affaire correctionnelle au tribunal de Bobigny (près de Paris) après en avoir délibéré avec ses assesseurs.

«Elle est invitée à quitter la salle ou à (ôter) son voile», a ajouté la magistrate.

La femme a choisi de sortir de la salle. «Je ne suis pas étonnée. Je m'y attendais, mais j'ai quand même pris le risque», a-t-elle déclaré à l'AFP. Elle a refusé de décliner son identité se limitant à indiquer qu'elle avait 35 ans et venait de la commune proche de Saint-Denis.

C'est la première fois qu'un tel incident est signalé depuis la validation jeudi par le Conseil constitutionnel de la loi interdisant le port du voile intégral (burqa, niqab) dans tout l'espace public en France (hors lieux de culte ouverts au public).

Cette décision ouvre la voie à la promulgation de la loi, l'interdiction elle-même ne devant entrer en vigueur qu'au printemps 2011 après six mois de «médiation» et de «pédagogie».

Devant la 16e chambre du tribunal correctionnel, la cour siégeait pour juger deux hommes soupçonnés de s'être introduits en juin au domicile de l'imam de Drancy (une autre banlieue parisienne), Hassan Chalghoumi, qui se veut la figure d'un islam modéré et respectueux des valeurs de la République.

Cet imam s'était notamment déclaré en faveur d'une loi contre le voile intégral, une position minoritaire parmi la communauté musulmane française, dont les représentants s'étaient déclarés opposés au port de la burqa mais hostiles à une loi risquant de stigmatiser les musulmans.

Après avoir occupé le devant de la scène politico-médiatique française, les passions au sujet du projet de loi étaient retombées ces dernières mois. Le parti socialiste, d'abord opposé à une loi sur un problème «marginal» (environ 2000 femmes, selon le gouvernement, sur un total de 5 à 6 millions de musulmans vivant en France), avait décidé de ne pas participer au vote.

Selon la loi, toute personne obligeant une femme à se voiler sera passible d'un an de prison et 30 000 euros d'amende. Des peines doublées quand la personne contrainte est mineure.