Le libéral Mark Rutte a entamé vendredi ses entretiens en vue de la formation du prochain gouvernement des Pays-Bas, une coalition minoritaire qui s'appuiera sur une fragile majorité parlementaire obtenue avec le soutien du parti anti-islam de Geert Wilders.

Le chef du parti libéral (VVD), futur premier ministre, a reçu en premier vendredi matin Maxime Verhagen, le chef de file du parti chrétien-démocrate (CDA).

L'ancien ministre des Affaires étrangères devrait recevoir le portefeuille de l'Economie, de l'Agriculture et de l'Innovation, et devenir vice-premier ministre, selon un communiqué du gouvernement.

La reine Beatrix, chef de l'État néerlandais, avait chargé jeudi soir Mark Rutte, 43 ans, de former un gouvernement minoritaire avec le CDA, soutenu par le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, le premier gouvernement minoritaire des Pays-Bas depuis 1918.

Les libéraux, arrivés en tête de justesse aux élections législatives anticipées du 9 juin, et les chrétiens-démocrates ne totalisent que 52 sièges de députés sur 150. Ils ont par conséquent besoin du soutien des 24 députés de M. Wilders pour avoir une très courte majorité parlementaire de 76 sièges sur 150.

«Je ne m'attends pas à ce que ce gouvernement tienne plus de six mois ou un an», assure à l'AFP Paul Scheffer, professeur de sciences politiques à l'université d'Amsterdam : «il n'y pas de stabilité».

Le parti chrétien-démocrate est profondément divisé sur une collaboration avec le parti de M. Wilders, qui qualifie l'islam de fasciste et réclame l'interdiction du Coran, comparé à «Mein Kampf» d'Adolf Hitler.

Au lendemain de la victoire de son parti, qui n'avait devancé que d'un siège le parti travailliste (PvdA), Mark Rutte avait affirmé vouloir boucler les négociations de coalition pour le 1er juillet, afin de présenter un projet de budget en septembre.

Mais celles-ci auront finalement duré quatre mois. La possibilité d'une coalition libéraux/gauche, étudiée en juillet, avait été abandonnée en raison de divergences sur les questions économiques, notamment la réduction des dépenses publiques, cheval de bataille du parti de M. Rutte.

Les libéraux et les chrétiens-démocrates de l'ancien premier ministre Jan Peter Balkenende s'étaient par conséquent résolus à négocier avec M. Wilders.

Grand gagnant des élections législatives avec 24 députés, contre 9 auparavant, le PVV s'est engagé à voter les textes de loi qui seront présentés par la coalition minoritaire.

En échange, M. Wilders, qui affirme mener «une croisade contre l'islamisation des Pays-Bas», a imprimé sa marque dans le programme de gouvernement.

Celui-ci prévoit notamment une réduction de 18 milliards d'euros des dépenses publiques d'ici 2015 mais aussi la diminution de moitié de l'immigration, l'interdiction du foulard islamique dans la police et la justice ainsi que l'interdiction de la burqa.

«La tolérance néerlandaise est en déclin», affirme Geert de Vries, sociologue de l'Université libre d'Amsterdam. «Mais elle ne disparaîtra pas complètement même si l'atmosphère va devenir de plus en plus sinistre et désagréable», dit-il à l'AFP.

Geert Wilders, 47 ans, est jugé depuis depuis lundi à Amsterdam pour incitation à la haine raciale et à la discrimination envers les musulmans. Il encourt un an de prison ou 7.600 euros d'amende.