Le conflit en France sur la réforme des retraites du président Nicolas Sarkozy menaçait mercredi d'entrer dans une nouvelle phase, avec la décision des syndicats d'employés des chemins de fer d'entrer ou non dans un mouvement de grève illimité qui pourrait bloquer le pays.

Le conflit en France sur la réforme des retraites du président Nicolas Sarkozy menaçait mercredi d'entrer dans une nouvelle phase, avec la décision des syndicats d'employés des chemins de fer d'entrer ou non dans un mouvement de grève illimité qui pourrait bloquer le pays.

Face à la détermination du pouvoir, qui semble parier sur l'essoufflement du mouvement et reste inflexible sur le coeur de sa réforme, le recul de 60 à 62 ans pour l'âge minimum de départ et de 65 à 67 ans pour la retraite à taux plein, les initiatives en faveur de grèves reconductibles se multiplient.

La CGT, premier syndicat de la régie des transports parisiens RATP, a déjà déposé un préavis de grève illimitée dans les bus et métros de la capitale à compter du 12 octobre, date de la nouvelle journée d'action organisée par les syndicats, la quatrième depuis début septembre.

Après avoir réussi à faire descendre dans la rue samedi entre 900 000 et 3 millions de personnes (selon les sources) pour la troisième fois en moins d'un mois, les syndicats estiment disposer d'un large soutien populaire: 71% des Français soutenaient la manifestation de samedi selon un sondage.

Pour le leader de la CGT, Bernard Thibault, «plusieurs dizaines de millions de personnes», ont manifesté leur opposition à la réforme, à travers pétitions, initiatives locales ou manifestations.

«Cette réforme est trop importante (...), nous irons jusqu'au bout», a-t-il promis mercredi sur la radio France Info.

Preuve de cette radicalisation, les syndicats des chemins de fer, qui avaient été à la pointe d'une mobilisation contre une précédente réforme des retraites en 1995 et paralysé le pays, devaient se réunir mercredi après-midi pour décider d'appeler ou non à la grève reconductible.

La CGT, première force syndicale chez les cheminots et dont la position est généralement suivie par les autres fédérations, a annoncé qu'elle allait proposer un préavis de grève reconductible par périodes de 24 heures à partir du 12 octobre.

Poussée à durcir le mouvement par une partie de sa base, la direction de la CGT veut cependant éviter une fracture au sein du salariat. Le passage de journées ponctuelles de grève à la grève générale peut être risqué, alors que nombre de salariés ne peuvent se permettre de cumuler un grand nombre de retenues sur leur salaire en raison des jours non travaillés.

«Cette menace de grève reconductible ne manque pas de sel lorsqu'elle émane d'entreprises publiques toujours régies par des régimes spéciaux non concernés dans l'immédiat par la réforme», a ironisé mercredi le Figaro, journal proche du pouvoir.

Le quotidien rappelle ainsi que jusqu'en 2018, les conducteurs de train peuvent partir à la retraite dès 50 ans avec une décote de rémunération et les autres employés à 55 ans, limites qui seront respectivement portés à 54 et 57 ans dans huit ans.

Dans un autre secteur stratégique, la CGT du groupe énergétique Total a appelé à débattre lors d'assemblées générales le 12 octobre de la reconductibilité du mouvement dans les raffineries.

Une déclaration qui survient alors que les terminaux pétroliers de Marseille (sud-est), qui alimentent six des douze raffineries françaises, sont en grève depuis dix jours, principalement pour des revendications sectorielles. Le mouvement provoque déjà une importante pénurie de gazole en Corse.

Déjà voté à l'Assemblée nationale, le projet de loi sur la réforme des retraites est examiné depuis mardi au Sénat, où les élus de gauche entendent relayer la contestation sociale, déposant plus de 1.000 amendements pour faire durer le débat.

Très impopulaire, le président Sarkozy compte sur cette réforme, qui sera suivie d'un remaniement gouvernemental, pour relancer la fin de son mandat à 18 mois de l'élection présidentielle de 2012.