Après Washington et Londres, les gouvernements du Japon et de la Suède ont mis en garde, hier, leurs ressortissants contre des risques potentiels d'attentats terroristes en Europe. Deux jours après que le gouvernement américain eut lancé une alerte au complot terroriste, la menace demeure toujours imprécise.

À Ottawa, toutefois, le ministère des Affaires étrangères considère que la situation n'est pas assez préoccupante pour recommander aux Canadiens d'éviter les séjours en Europe. Le Ministère a refusé de nous accorder une entrevue sur le sujet.

L'affaire a débuté dimanche matin, lorsque le département d'État américain a publié une mise en garde indiquant qu'«Al-Qaïda et des organisations affiliées continuent de préparer des attentats terroristes» en Europe. Les «terroristes» pourraient viser les transports en commun ou des sites touristiques, a averti Washington, sans toutefois indiquer quels pays étaient dans la ligne de mire de ces organisations.

Cette démarche - plutôt inhabituelle de la part des États-Unis à l'égard du Vieux Continent - a fait réagir les gouvernements européens. À commencer par Londres, qui révisé dimanche son niveau d'alerte pour les Britanniques voyageant en France et en Allemagne, qualifiant la menace terroriste de «forte», alors qu'elle était auparavant fixée à «normale».

En France, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que les recommandations de vigilance en provenance des États-Unis sont «en ligne» avec celles qu'il a faites à sa propre population.

Le Japon et la Suède ont emboîté le pas à ces pays hier, émettant aussi des mises en garde à leurs ressortissants. Pendant ce temps, des informations contradictoires provenant de sources officielles et anonymes étaient diffusées dans les médias du monde entier.

Selon la chaîne américaine Fox News, la tour Eiffel, la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'hôtel de luxe Adlon à Berlin, la gare centrale de Berlin et la tour de télévision de Berlin, située à Alexanderplatz, font partie des cibles des terroristes.

Un bulletin produit par le FBI et le département de la Sécurité intérieure, que l'agence Associated Press a obtenu hier, indique toutefois que le réseau Al-Qaïda continue de vouloir attaquer les États-Unis, mais qu'ils n'y a rien de «spécifique» ou d'«imminent» en ce qui a trait au «complot européen».

Lors d'une conférence de presse en matinée, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a ajouté que les Américains qui voyagent à l'étranger devaient faire preuve de vigilance, mais que les globe-trotters ne devaient pas suspendre leurs plans de voyage pour autant.

Pour le chef de l'équipe de surveillance des activités d'Al-Qaïda et des talibans à l'ONU, les menaces d'attentats en Europe n'ont «rien de très tangible». «Il faut être prudents», car une réaction exagérée ferait le jeu d'Al-Qaïda, a estimé hier Richard Barrett.

Les réseaux jihadistes, et celui créé par Oussama ben Laden en particulier, «ont tenté de monter depuis longtemps une série d'attaques simultanées en Europe», a-t-il dit à l'Agence France-Presse. «Mais cette fois, autant que nous sachions, il n'y a rien de très tangible.» Les projets d'attentats «étaient au niveau des discussions initiales, pas même au niveau des planifications opérationnelles», a ajouté M. Barrett, qui a déjà été chef du contre-terrorisme au Services de renseignements extérieurs britannique.

Au moment où les voyageurs internationaux sont invités à user de prudence dans leurs déplacements en Europe, des membres de l'Intelligence pakistanaise ont révélé (sous le couvert de l'anonymat) que cinq militants d'origine allemande avaient été tués dans une frappe américaine près de la frontière afghane. Les militants auraient séjourné dans la région pour s'entraîner dans un camp terroriste.

Avec Agence France-Presse et The Associated Press