Encore récemment, David Algranti menait une vie tranquille à Paris, entre son petit appartement et son travail dans une agence de marketing. Aujourd'hui le Français est connu de millions de Chinois qui l'ont vu à la télévision gagner son titre d'«ambassadeur» mondial des pandas.

Pour lui, tout bascule le matin où l'une de ses collègues lui tend une coupure de journal, relatant l'ouverture d'un concours international pour devenir gardien de pandas au coeur des montagnes de la Chine.

«Elle m'a dit, ça c'est pour toi», raconte David, cheveux bruns et barbe coupés courts, ainsi qu'il apparaît sur sa page myspace, où on le voit embrasser son chinchilla, un petit rongeur des Andes.

Il faut dire que ce natif des Hauts-de-Seine a toujours aimé les animaux, en plus d'avoir un physique tenant un peu... de l'ursidé. Il le reconnaît volontiers.

«Je suis un peu fort, j'ai des traits un peu ronds, quelqu'un m'a dit que j'avais un charisme de panda», s'amuse le trentenaire placide, fan de musique et des réseaux sociaux.

Il utilise son talent à la guitare pour ficeler, en un week-end, un clip vidéo où, son chinchilla perché sur l'épaule, il interprète en anglais une chansonnette sur son amour des pandas.

Sa composition retient l'oeil des responsables de Project Panda (www.pandahome.com), inondés par 60.000 candidatures du monde entier.

Voilà David propulsé parmi les 12 finalistes et invité pour le dernier round du concours, dans un sanctuaire de pandas au coeur du Sichuan. Il ne reste plus que 1 600 pandas en liberté dans le monde et quelque 300 en captivité, principalement dans cette province du sud-ouest de la Chine.

Lui qui n'avait jamais mis les pieds en Chine quitte son emploi et débarque à Chengdu, capitale de la province, en compagnie des autres finalistes venus de Suède, d'Afrique du Sud ou du Japon.

Avant les dernières épreuves retransmises par la télévision, le Parisien a une semaine pour faire ses preuves auprès des gros mammifères noir et blanc, emblèmes nationaux de la Chine.

«J'en avais vu quelques-uns dans des zoos, dans mon souvenir ils étaient en train de dormir ou de tourner le dos au public», explique David.

Mais le contact se passe bien. «Être si proche d'un tel animal, c'est très émouvant», confie le Français, qui détaille ses impressions sur un blog hébergé par le site Project Panda (www.pandahome.com).

«C'est super mignon, il y a quelque chose de très anthropomorphique, cela reste toujours assis et cela se sert de ses mains, avec des postures presque humaines. J'en ai vu un allongé, appuyé sur son coude», décrit-il.

Le diplômé en mathématiques aide à la préparation de la nourriture, au nettoyage des cages.

Il est même autorisé à prendre dans ses bras un bébé panda, privilège rare vu la fertilité notoirement faible de l'espèce menacée. Pour les plus gros, la prudence s'impose: «Cela reste quand même un ours, avec des grosses griffes, des grosses dents».

Le jour de la finale, qui doit permettre de sélectionner les six «pandassadeurs», David Algranti répond brillamment à un questionnaire technique. Il reconnaît huit espèces de bambou, principal aliment des pandas.

Devant les caméras de la chaîne d'État CCTV, le Parisien termine deuxième du concours, après avoir chanté en chinois un texte appris par coeur.

Durant un mois supplémentaire, en octobre, il va pouvoir parcourir les montagnes autour de Chengdu, assister à la naissance de petits pandas et parfaire son nouveau rôle de gardien.