Le nouveau chef du Labour Ed Miliband a promis de s'affranchir de l'héritage des anciens Premiers ministres travaillistes Gordon Brown et Tony Blair pour donner un nouveau départ à son parti, dans son premier discours-programme à Manchester.

Le nouveau leader, âgé de 40 ans, a rappelé que le parti travailliste avait obtenu «un très mauvais résultat» aux législatives de mai dernier, qui l'ont relégué dans l'opposition après 13 ans au pouvoir.

Et il a souligné que le Labour devait apprendre de ses erreurs, citant notamment l'engagement en 2003 dans la guerre en Irak, très impopulaire, ou le fait d'avoir cédé aux pressions de la City pour une dérégulation du secteur financier, qui a rendu la Grande-Bretagne particulièrement vulnérable à la crise.

Le cadet des frères Miliband, le plus jeune leader jamais élu par les travaillistes, a appelé le parti à évoluer au-delà du New Labour refondé par Tony Blair et Gordon Brown au début des années 1990, en soulignant que les travaillistes ont «trop souvent eu recours à des façons de penser dépassées et sont parfois devenus l'establishment».

«Proclamons le message qu'une nouvelle génération est à l'oeuvre au Labour», a déclaré Ed Miliband, arrivé sur scène sur une musique du groupe Vampire Week-end, devant un écran aux teintes roses.

Remerciant ses parents, émigrés d'origine juive polonaise réfugiés en Grande-Bretagne, Ed Miliband a aussi rendu un hommage appuyé à son «extraordinaire» frère aîné, David, qu'il a battu samedi à l'issue d'un scrutin très serré pour prendre la tête du parti.

L'ancien ministre de l'Energie et «plume» de Gordon Brown, a rejeté le surnom d'«Ed le Rouge», qui lui a été accolé par ceux qui le placent à l'aile gauche du parti.

Il a tenté de recentrer son discours, mettant en garde contre des grèves «irresponsables» les syndicats qui ont contribué à sa victoire, en soulignant qu'il croyait «fortement» à la nécessité de réduire le déficit public.

Ed Miliband a aussi relevé l'importance de réduire le déficit public accumulé par le gouvernement travailliste.

Mais il a donné des gages à l'aile gauche du parti en se prononçant en faveur d'un «salaire de subsistance», supérieur au salaire minimum légal, et en suggérant une augmentation des taxes sur les banques.

«Je savoure la chance d'affronter (le Premier ministre) David Cameron. Nous sommes peut-être d'un âge similaire, mais de par mes valeurs et mes idéaux, je suis d'une autre génération», a-t-il souligné.

«Et il y a une différence de taille entre nous et David Cameron, c'est l'optimisme», a-t-il ajouté.

Officiellement, David Miliband, présent dans la salle, a salué «un discours vraiment très fort, très bon».

Mais la télévision a capté un moment d'agacement du frère aîné: lorsqu'Ed a qualifié de «mauvaise» la décision d'envahir l'Irak en 2003 sous les applaudissements, David s'est ostensiblement abstenu d'applaudir et a demandé abruptement à sa voisine, la députée Harriet Harman: «Tu as voté pour (l'invasion), alors pourquoi tu applaudis?» Et Mme Harman de répondre: «j'applaudis parce qu'il est le chef, je le soutiens».

L'aîné des Miliband devrait révéler mercredi s'il a choisi d'épauler son frère au sein du gouvernement travailliste fantôme (shadow cabinet) ou de se mettre en retrait après sa défaite, comme l'anticipaient mardi la plupart des médias britanniques.