L'organisation basque armée ETA est «disposée» à observer un cessez-le-feu permanent et vérifiable, et «même à aller plus loin», selon l'interview de deux de ses «représentants» publiée samedi par le site Internet du journal basque Gara.

«L'ETA est disposée à faire cette avancée», à savoir observer un cessez-le-feu permanent et vérifiable, «et même à aller plus loin si les conditions sont réunies pour cela», ont-ils déclaré au journal indépendantiste qui reçoit habituellement les communiqués de revendication du groupe armé.

«L'objectif consiste à résoudre de façon démocratique le conflit politique (basque, ndlr), à refermer la plaie pour toujours, et cela nous oblige tous à agir avec responsabilité», ont ajouté les deux «étarras».

Ces déclarations interviennent vingt jours après l'annonce par le groupe armé -responsable de la mort de 829 personnes en près d'un demi-siècle de violences- d'un cessez-le-feu aux contours flous que le gouvernement espagnol a qualifié d'insuffisant et a rejeté.

Selon Gara, les deux représentants ont indiqué que l'arrêt des actions offensives tel qu'annoncé le 5 septembre avait un caractère durable.

«ETA veut avancer sur la voie de la résolution (du conflit basque, ndlr) de façon de plus en plus approfondie», ont-ils poursuivi.

Les étarras ont aussi fait allusion à un «processus de dialogue» pour sortir du conflit avec la mise en place d'un groupe de discussions avec les «partis et les agents sociaux basques».

Un peu plus tôt samedi, l'ETA avait été pressée par sa vitrine politique, Batasuna, de montrer sa «volonté» de déposer «définitivement» les armes.

Batasuna a souscrit un «accord pour un scénario de paix» avec son allié, le parti indépendantiste Eusko Alkartasuna et d'autres mouvements indépendantistes.

Les partis signataires ont demandé à l'ETA «un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale comme l'expression de la volonté de mettre définitivement un terme à son activité militaire».

Ils ont parallèlement réclamé à l'État espagnol «l'abrogation de la Loi sur les partis politiques» qui a permis l'interdiction de Batasuna par la justice espagnole.

Batasuna, qui est interdit en Espagne depuis 2003 en raison de ses liens avec l'ETÀ dont il ne condamne pas explicitement la violence, cherche à revenir dans le jeu politique avant les élections locales basques de 2011.

L'ETÀ avait annoncé le 5 septembre dans une vidéo transmise à la BBC qu'elle «ne (mènerait) pas d'actions offensives armées», sans préciser si cet arrêt était temporaire ou définitif.

Deux semaines après, le groupe armé s'était dit prêt à dialoguer avec des médiateurs internationaux pour «étudier avec eux les étapes nécessaires au processus démocratique, y compris les engagements que doit contracter l'ETA», se conformant ainsi partiellement à une demande de Batasuna.

Echaudé par la fin de la précédente trêve de l'ETA, avec la mort de deux personnes dans un attentat à l'aéroport de Madrid en décembre 2006, le chef du gouvernement, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a jugé «insuffisantes» ces annonces, exigeant un abandon définitif des armes, sans condition et de manière vérifiable.

Même si l'ETA s'abstient depuis près de 14 mois de commettre tout attentat, le phénomène de violences urbaines dit «Kale borroka», attribuées à des jeunes radicaux proches de l'ETA, a repris de la vigueur ces dernières semaines.

Un engin artisanal de faible puissance attribué à la «Kale borroka», a explosé le 16 septembre dans la banlieue de Vitoria, capitale administrative du Pays basque (nord de l'Espagne).