Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a appelé jeudi les pays riverains de l'Arctique à coopérer pour que cette région stratégique et riche en hydrocarbures reste une «zone de paix», écartant les scénarios de «bataille».

«Il est impératif que l'Arctique reste une zone de paix et de coopération», a déclaré M. Poutine devant un forum international réunissant de nombreux experts à Moscou.

«Nous entendons souvent des prédictions futuristes de menace de bataille pour l'Arctique», a-t-il dit, mais «nous voyons clairement que la majorité de ces scénarios effrayants sont sans fondement».

S'exprimant au premier jour du forum qui s'est ouvert mercredi, le président de l'Islande, Olafur Ragnar Grimsson, a aussi estimé que l'époque «de la guerre froide, lorsque l'Arctique était une région de tensions», était «révolue».

Très convoitée par les cinq pays riverains (États-Unis, Russie, Canada, Norvège et Danemark), la région pourrait receler 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes de la planète, selon les géologues de l'Institut de surveillance géologique des États-Unis (USGS).

Chacun de ces cinq pays a des revendications empiétant sur le territoire d'un autre.

M. Poutine a mis en exergue les «intérêts économiques et géopolitiques très sérieux qui s'entrecroisent dans l'Arctique».

«Mais je ne doute pas que tous les problèmes existant dans l'Arctique peuvent être résolus dans une atmosphère de partenariat», a-t-il assuré.

Le premier ministre a cité l'exemple de coopération entre la Russie et la Norvège qui ont signé mercredi un accord sur la délimitation de leur frontière maritime, mettant un terme à un différend de plusieurs décennies.

Les deux pays vont ainsi lever le moratoire de 30 ans sur l'exploitation de gisements gaziers et pétroliers du plateau continental arctique sur un territoire litigieux de 176 000 kilomètres carrés.

Parmi les priorités dans l'Arctique, selon M. Poutine, «il faut soutenir les nouvelles possibilités de croissance économique et attirer d'importants investissements», aussi bien de Russie que de l'étranger.

Il a souligné que la Russie veillerait aux préoccupations écologiques: «pas un seul projet industriel dans l'Arctique russe ne sera entrepris sans prendre en considération les demandes écologiques les plus strictes».

La Russie a fait du développement de l'Arctique une priorité stratégique, convoitant les larges ressources naturelles supposées de la région et ambitionnant d'ouvrir cette nouvelle voie commerciale dont elle aurait le contrôle.

Dès 2008, la présidence russe a adopté une stratégie à mettre en oeuvre d'ici à 2020 visant à faire de la Russie «la puissance principale de l'Arctique».

Des ONG mettent en avant les dangers pour l'environnement polaire et réclament une lutte efficace contre le réchauffement climatique, plutôt qu'une simple recherche de profits.

Également invité à ce forum, le prince Albert II de Monaco a lui incité la communauté internationale à aider le plus vite possible les peuples autochtones de l'Arctique, afin de sauver leur héritage culturel qui appartient à toute l'humanité.

Il a aussi appelé tous les États de la région de l'Arctique à faire des efforts pour atténuer les effets du changement climatique selon lui particulièrement destructeurs en Arctique.

«Tous les hommes de bonne volonté doivent s'unir pour faire face à la dégradation de la situation», a déclaré le monarque.