Sourire engageant, visage sympathique de jeune homme de bonne famille, voix calme pour discours apaisé mais sans ambiguïté, Jimmie Aakesson est à 31 ans le visage du renouveau de l'extrême droite suédoise qui fait une entrée historique au Parlement.

Militant chez les Démocrates de Suède (SD, extrême droite) depuis l'âge de 15 ans, ce jeune homme a été choisi en 2005 pour être la figure de proue d'un parti quasiment inexistant lors des élections précédentes.

Aux législatives de 1998, les SD n'avaient recueilli que 0,37% des suffrages, puis 1,44% en 2002. Emmenés par M. Aakesson en 2006 ils avaient atteint 2,93% et, dimanche, ils ont nettement dépassé la barre des 4% nécessaires pour rentrer au Parlement, avec 5,7% des voix.

N'ayant rien du viking agressif, M. Aakesson a modifié la perception que les Suédois avaient de l'extrême droite, estompant nettement l'ombre du mouvement Bevara Sverige Svenskt (Gardons la Suède suédoise) dont les SD sont issus en droite ligne.

Avec ses cheveux bruns légèrement gominés, ses lunettes rectangulaires et ses tenues tendance, il conteste l'étroitesse de cette filiation. «C'est un peu vrai... mais pas complètement. Ca, ce sont les anciens SD. Aujourd'hui, nous sommes différents et les électeurs le voient», affirmait-il à l'AFP dans un entretien à cinq jours des élections.

Pourtant, lorsqu'il s'est engagé chez les SD en 1995, «il y avait encore des militants qui venaient aux réunions habillés en uniformes nazis», soulignait récemment la politologue Sofia Nerbrand dans le quotidien Svenska Dagbladet.

Mais aujourd'hui, le parti et son image ont changé. «Ils sont loin d'être nazis, mais ce sont des racistes», expliquait à l'AFP un opposant lors d'une manifestation anti-SD vendredi à Stockholm.

Le jeune leader, né en 1979 à Sölvesborg (sud) où il est conseiller municipal depuis 1998, n'a pas oublié les thèmes fondamentaux de son parti, à savoir l'immigration, la criminalité et le lien entre les deux.

«Tous les immigrants ne sont pas des criminels, bien sûr, mais il y a une connexion», affirmait-il à l'AFP.

«Nous avons un point de vue conservateur. Les politiques d'immigration et de criminalité sont pour nous les plus importantes et c'est ce en quoi nous différons des autres partis», assurait-il.

En outre, M. Aakesson est la partie visible de la direction des SD, souligne le spécialiste du néonationalisme en Scandinavie Anders Hellström. En effet, selon lui, la direction idéologique du parti est assurée par une «bande des quatre» constituée aussi de Richard Jomshof, Mattias Karlsson et Björn Söder, tous élus dimanche et qui tentent de trouver une voie «entre extrémisme et populisme».

Ils ne dédaignent pas de recourir à la provocation. «On pourrait dire qu'ils essaient de repousser les limites du discours légitime, en équilibre sur le fil de l'acceptable», note M. Hellström.

Même répercuté par M. Aakesson, ce discours était jusque-là relativement étouffé par l'absence en Suède de loi régissant la présence des différents partis candidats dans les médias en temps de campagne.

Aussi, dimanche soir le leader pouvait-il lancer sur un air de revanche: «Nous avons été exposés à la censure et au boycott des médias, on nous a refusé des publicités dans les journaux et nous avons été traités comme tout autre chose qu'un parti. Mais malgré cela, nous avons fait un résultat fantastique !»

Et, grâce au résultat des législatives, «nous allons encore grandir, les médias vont parler de nous», avait prévenu auparavant cet amateur du personnage de Rocky Balboa, le boxeur qui prend des coups sans jamais céder.