Le financier américain George Soros a critiqué la politique française à l'égard des Roms et estimé que le «problème rom» ne sera résolu qu'au niveau européen, en mettant en place d'un «New Deal éducatif» pour former une élite, dans un entretien au quotidien Le Monde.

George Soros, d'origine hongroise, a créé plusieurs associations pour améliorer la conditions des roms.

«En ciblant nommément les Roms, M. Sarkozy a violé les normes et les règlements européens. Arrêter individuellement des contrevenants à la loi et les juger, c'est le rôle d'un État. Stigmatiser un groupe ethnique, le présenter comme collectivement menaçant pour la société, c'est l'inverse même du respect des droits de l'homme», a estimé le milliardaire controversé.

«Tant que chacun ne cherchera qu'à exporter son problème vers un autre État, comme le font la Roumanie ou la Bulgarie, ou que M. Sarkozy n'aura pas d'autre réponse que de "renvoyer ces gens chez eux", comme on dit, on ne résoudra rien», a-t-il ajouté.

«Le "problème rom" ne peut être résolu qu'avec une politique qui place l'amélioration de leur condition au coeur des préoccupations (...). Dans nombre de pays, nous nous heurtons toujours à des difficultés pour faire admettre les enfants dans les écoles communes. Et l'Union européenne n'a pas de "politique rom" conséquente. Il faudrait engager un "New Deal" éducatif sur le long terme - au moins une génération - doté de moyens substantiels», a suggéré George Soros.

«Avec une politique unifiée et respectueuse, en vingt ou trente ans, on aura fait reculer les stéréotypes sur lesquels surfent des politiciens populistes et nationalistes, surtout à l'Est», a-t-il espéré.

Le gouvernement français a annoncé fin juillet un durcissement de sa politique sécuritaire, avec le démantèlement de dizaines de camps illégaux de roms, et le renvoi, moyennant une aide financière, de centaines d'entre eux vers leurs pays d'origine, essentiellement la Roumanie.

Cette politique a fait l'objet de vives critiques au Parlement et à la Commission européenne, dans les milieux intellectuels et jusqu'au Vatican.