Le pape Benoît XVI a imperturbablement poursuivi son programme vendredi à Londres, multipliant les gestes symboliques d'un rapprochement avec l'Église anglicane en dépit de l'arrestation de six suspects par l'unité antiterroriste de Scotland Yard.

Les six hommes âgés de 26 à 50 ans -qui appartiennent à une société de nettoyage opérant dans le secteur de Westminster abritant les hauts lieux visités par le pape vendredi- sont soupçonnés d'avoir «commandité, préparé ou inspiré des actes de terrorisme» selon Scotland Yard.

Selon la télévision SkyNews, cinq seraient Algériens. Toutefois, la police s'est refusée à tout commentaire sur leur origine, leurs mobiles et la nature du complot qui leur est prêté.

Assailli de questions, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a rapidement affirmé que le pape était «calme», «heureux de son voyage» qu'il poursuivait sans modification de programme ou d'itinéraire.

Vendredi, ce voyage comportait plusieurs gestes de grande portée historique, près de cinq siècles après le schisme qui vit Henry VIII créer l'Église anglicane.

Benoît XVI a ainsi été le premier pape à se rendre à Lambeth Palace, la résidence du primat de l'Église anglicane, l'archevêque de Canterbury Rowan Williams.

Il a aussi effectué une visite sans précédent à l'abbaye de Westminster où ont été couronnés tous les successeurs d'Henry VIII. À l'entré du haut lieu, protocole oblige, il a été accueilli par celle qui en est la chanoine, Jane Hedges, par ailleurs militante fervente de l'ordination des femmes considérée comme «un crime contre la foi» par le pape.

Sur la châsse d'Edouard le Confesseur, un des derniers rois anglo-saxons et rare saint à être célébré à la fois par catholiques et anglicans, Benoît XVI a prié pour «l'unité chrétienne» aux côtés de Mgr Williams.

L'Église catholique espère apaiser les tensions avec les anglicans, avivées en novembre 2009 par un acte papal offrant aux fidèles déçus par les évolutions de leur Église (sur la consécration de femmes et les bénédictions de mariages homosexuels, notamment) de rallier l'Église catholique.

Le souverain pontife a par ailleurs rencontré les représentants de la société civile à Westminster Hall, dans l'enceinte du Parlement britannique.

À cette occasion, il a défendu avec vigueur «le rôle légitime de la religion dans la vie publique» et exprimé sa «préoccupation devant la marginalisation croissante de la religion, particulièrement du christianisme», un thème qui lui est cher.

Peu après, le quotidien londonien Evening Standard a salué en une «le plaidoyer du pape pour sauver Noël».

Le discours très attendu à Westminster Hall a également été l'occasion pour lui de dénoncer une nouvelle fois le sectarisme et le fondamentalisme, «formes déviantes de religion» qui peuvent être la source de graves problèmes sociaux.

Quatre anciens premiers ministres se trouvaient dans l'assistance. Les médias ont particulièrement scruté Gordon Brown et Tony Blair, assis côte-à-côte. Blair, qui s'est converti en 2007 au catholicisme, vient en effet d'étriller Brown dans ses Mémoires.

À l'occasion d'un autre temps fort, devant quelque 200 chefs de toutes confessions, Benoît XVI avait réclamé «la liberté de suivre sa propre conscience sans subir l'ostracisme ou la persécution, même si l'on s'est converti d'une religion à une autre».

Au cours d'un rassemblement en plein air à Twickenham (sud-ouest de Londres) devant un parterre de 4000 élèves et 750 enseignants catholiques, il a demandé aux institutions catholiques d'assurer «un environnement sécurisant aux enfants et aux jeunes», dans une allusion transparente aux scandales de pédophilie impliquant des prêtres.

La journée de samedi devaient être notamment marquée par une rencontre avec le premier ministre David Cameron et une veillée à Hyde Park, où une manifestation est prévue.