Le secrétaire américain à la Defense Robert Gates recevra son homologue russe Anatoli Serdioukov mercredi à Washington, au moment où le Pentagone souligne l'amélioration des relations entre les deux puissances.

Cette visite au Pentagone est la première du genre depuis cinq ans. Les responsables américains prennent soin d'insister sur le fait que M. Gates passera une bonne partie de la journée de mercredi en compagnie de son homologue.

Les deux hommes doivent signer des accords portant sur la coopération militaire russo-américaine et se réunir par trois fois au cours de la journée avant de dîner sur un navire de la Marine américaine sur le Potomac, le fleuve qui borde la capitale américaine, a indiqué le porte-parole du Pentagone Geoff Morrell.

Au total, MM. Gates et Serdioukov doivent s'entretenir pendant au moins cinq heures, une durée «inhabituellement longue pour la visite de tout dignitaire», a noté M. Morrell.

En prélude à cette visite, Robert Gates a accordé une interview à l'agence russe Interfax dans laquelle il a jugé que les projets russes de fabriquer de nouveaux missiles balistiques ne menacent pas les Etats-Unis.

«Les programmes de modernisation (des missiles balistiques russes, ndlr) mis au point dans le cadre du nouveau traité START sont absolument légitimes. Nous aurons nos propres programmes de modernisation», a déclaré M. Gates dans cet entretien publié mercredi.

«Je ne considère pas la Russie comme une menace. Je considère les relations actuelles russo-américaines comme celles entre deux Etats normaux», a-t-il indiqué.

«Nous sommes partenaires dans certains domaines et concurrents dans d'autres. Mais quant aux sujets importants, ici, nous coopérons», a souligné M. Gates, en citant la lutte contre le terrorisme et le dossier nucléaire iranien comme exemples de cette coopération.

Mardi, le porte-parole du Pentagone a indiqué que MM. Gates et Serdioukov devraient aborder le dossier sensible des plans de défense antimissiles des Etats-Unis et parler des efforts entrepris actuellement pour convaincre les sénateurs américains de ratifier le traité START.

Le traité START sur la réduction des armes stratégiques a été signé le 8 avril par le président russe Dmitri Medvedev et son homologue américain Barack Obama. Il fait suite à un précédent accord du même nom conclu en 1991, et accentue la réduction des arsenaux nucléaires des deux pays.

Pour commencer à être appliqué, ce traité de désarmement nucléaire devra être ratifié par le Sénat côté américain, et par la Douma côté russe, conformément aux Constitutions des deux pays.

Aux Etats-Unis, la ratification du traité traîne, car plusieurs sénateurs républicains ont exprimé des craintes sur l'avenir de la défense antimissile américaine qu'ils estiment menacée par le nouveau texte.