Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, accusé de viol en Suède, a dénoncé lors d'un entretien avec  l'AFP «un coup monté» et une instruction «troublante» dans une affaire marquée selon lui «par des vengeances personnelles, l'idéologie et le carriérisme dégoûtant» de la procureure.

«La seule victime ici, c'est moi», a déclaré le porte-parole du site spécialisé dans la publication de documents confidentiels, qui dit rester dans le pays nordique pour faire la preuve de son innocence.

«Ces accusations sont infondées. Et le processus par lequel elles ont été faites est troublant», a dénoncé M. Assange qui a contacté l'AFP par téléphone.

«La totalité de cette enquête pour viol a été menée sans ma contribution. Personne ne m'a interrogé sur cette affaire de viol. La police refuse de dire s'il y a un mandat d'arrêt contre moi ou non. J'ai tout appris par la presse. Cela dure depuis deux semaines maintenant», a-t-il critiqué.

Dans des dépositions à la police suédoise le 20 août au soir, deux femmes ont accusé M. Assange, l'une de viol et l'autre d'agression sexuelle. L'enquête a été marquée par plusieurs revirements venus de différents procureurs, étant notamment fermée une première fois puis rouverte la semaine dernière.

Interrogé par l'AFP, Julian Assange a reconnu avoir côtoyé ces deux femmes au moins lors d'une conférence de presse mais a refusé de dire s'il avait eu des rapports intimes avec elles, soulignant qu'il s'agit d'«une affaire privée».

«C'est clairement un coup monté par les personnes impliquées, les plaignantes et possiblement Expressen», le tabloïde qui a révélé l'affaire dans son édition du 21 août, a-t-il affirmé.

«À différents stades de cette affaire, il y a eu des vendettas personnelles, il y a de l'idéologie, il y a le carriérisme de la procureure en chef (Mme Marianne Ny) de la plus dégoûtante des façons».

Julian Assange, un Australien de 39 ans au parcours mystérieux qui a fondé WikiLeaks en 2006, s'est montré plus prudent sur d'autres éventuelles implications.

Les services secrets américains «sont probablement très heureux désormais». Mais mentionner leur implication ou celle des services suédois «n'est que de la spéculation», a dit M. Assange.

Cependant, il y a selon lui «des indices qu'il y a eu une implication politique, même s'il n'y a pas de preuves claires».

«Le mois dernier, les services de renseignement suédois ont été approchés par les États-Unis pour leur dire que la Suède ne devait pas être un havre pour WikiLeaks», a dit M. Assange à l'AFP, affirmant disposer de «deux sources sûres» au sein de services secrets.

Le fondateur de WikiLeaks a dénoncé les torts que cette affaire cause à son organisation, qui s'apprête à publier 15 000 documents militaires confidentiels sur l'Afghanistan, après avoir déclenché une tempête médiatique et provoqué la fureur du Pentagone en publiant un premier lot de 77 000 documents secrets en juillet.

M. Assange n'a pas voulu donner de date sur la publication des 15 000 documents restants sur l'Afghanistan, prévue initialement en septembre.

«L'affaire suédoise a entraîné des retards dans tous nos projets, des retards notables. Cela a été une interruption énorme», selon Julian Assange.

Mais il ne compte pas s'arrêter là: «nous prévoyons de nouvelles publications concernant la fraude financière, le secteur bancaire et les crimes de guerre», a-t-il dit.

Le fondateur de Wikileaks a également critiqué l'atteinte à son honneur, qui l'a poussé à réduire au strict minimum son rôle de porte-parole de Wikileaks.

«À l'heure actuelle, l'affaire est évoquée sur six millions de pages web. Et dans une page web sur vingt où figure le mot viol, mon nom figure également», a-t-il dénoncé.