Le référendum constitutionnel en Moldavie censé mettre fin à une interminable crise politique a été jugé invalide en raison d'un très faible taux de participation, ce qui ouvre une nouvelle période d'incertitude dans cette ex-république soviétique très pauvre.

Seulement 29,67% des électeurs ont participé à cette consultation organisée par la coalition pro-UE qui a remporté les dernières élections législatives afin d'instaurer une élection présidentielle directe. Un minimum de 33% des électeurs était requis pour que le référendum soit jugé valide. 

«Le taux de participation provisoire de 29,67% est représentatif et quasi-définitif», a déclaré le secrétaire de la commission électorale centrale, Iouri Cocan, au cours d'une conférence de presse.

«Ce résultat est assez imprévisible mais instructif pour les partis démocratiques», a reconnu le Premier ministre Vlad Filat interrogé par l'AFP. 

L'invalidation du référendum entraîne une dissolution du Parlement et la convocation de nouvelles législatives anticipées.

Selon M. Filat, l'échec s'explique non seulement par le boycott des électeurs communistes mais aussi par les «divergences» au sein de la coalition libérale-démocratique.

Les manifestations et les émeutes d'avril 2009 contre la victoire aux législatives du Parti communiste moldave, au pouvoir depuis 2001, avaient conduit à une impasse politique, suivie de nouvelles élections anticipées en juillet 2009, remportées cette fois par une coalition de partis pro-européens.

Celle-ci qui a échoué à faire élire au Parlement son candidat à la présidence a compté sur le référendum pour sortir de l'impasse institutionnelle.

«Je suis sûr que le référendum sera un succès (...) Les communistes essuieront une défaite écrasante», a déclaré dans la matinée le chef de l'Etat par intérim, le président du Parlement Mihaï Ghimpu, après avoir glissé son bulletin dans l'urne.

«Il est fort probable que le référendum échoue, ce qui va dégriser le pouvoir» et le poussera à coopérer avec le parti communiste (PC), a pour sa part lancé l'ancien président communiste Vladimir Voronine, peu avant la fermeture des bureaux de vote.

Le PC a appelé ses électeurs à boycotter le scrutin, accusant les libéraux-démocrates d'«usurper le pouvoir».

Le retraité Nikolaï Boïko, 67 ans, a entendu le message. Il a décidé de ne pas participer au scrutin, le qualifiant de «farce» organisée par la coalition libérale-démocrate qui «a la soif du pouvoir».

«J'ai voté pour la réforme parce que le résultat positif du référendum permettra de sortir de la longue crise politique. J'espère que nous réussirons à élire un président et un nouveau parlement pour que nous puissions développer le business et le pays», a déclaré Valentin Rybine, une entrepreneur de 54 ans.

La Moldavie, pays à majorité roumanophone considérée comme le plus pauvre d'Europe, est située entre l'Ukraine et la Roumanie.

Un conflit y reste non résolu avec la région séparatiste de Transdniestrie, une petite bande de territoire comptant 500 000 habitants, qui a gagné avec le soutien de la Russie une courte guerre d'indépendance après l'effondrement de l'URSS en 1991. L'indépendance autoproclamée de la Transdniestrie n'est pas reconnue par la communauté internationale.

Les dirigeants communistes moldaves sont passés d'une politique pro-russe à une politique de rapprochement avec l'Union européenne (UE), avant de militer à nouveau pour un resserrement des relations avec la Russie, principal partenaire commercial du pays.

Les libéraux-démocrates sont pour leur part de fervents partisans de l'intégration à l'UE.