L'attentat suicide contre une unité militaire au Daguestan est le dernier épisode en date des violences qui frappent le Caucase russe, illustrant l'incapacité de Moscou à enrayer une rébellion exacerbée par les deux guerres en Tchétchénie, qui s'est répandue dans toute la région.

Au moins trois soldats sont morts et une trentaine ont été blessés dimanche dans un attentat à la voiture piégée contre une base militaire près de la ville daguestanaise de Bouïnaksk.

«Cet acte terroriste montre que les bandits qui agissent dans la république ont toujours des forces pour de telles attaques», a déclaré Magomedsalam Magomedov, président du Daguestan, théâtre d'attaques quasi quotidiennes contre les représentants des forces de l'ordre et les fonctionnaires.

«Nous devons faire plus d'efforts pour éliminer les rebelles», a-t-il affirmé, cité par les agences russes.

La tâche semble énorme compte tenu de la pauvreté et des problèmes sociaux qui nourrissent la rébellion.

L'an dernier, le président russe Dmitri Medvedev a reconnu que «les clans, les vols et les pots-de-vin» favorisaient le recrutement de militants islamistes, au cours d'une visite au Daguestan effectuée après le meurtre du ministre local de l'Intérieur.

Le chef des services spéciaux russes Alexandre Bortnikov l'avait informé le 28 août que plus de 30 rebelles avaient été tués dans le Caucase en août.

«C'est un bon résultat, nous avons porté un coup sensible à la rébellion», avait estimé alors le président russe.

Le lendemain, des rebelles avaient attaqué Tsentoroï, le village natal de l'homme fort de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, pourtant fortement protégé. Les combats y ont fait 18 morts, 12 rebelles et 6 policiers.

«Cela fait longtemps que de telles attaques n'ont pas eu lieu: Bouïnaksk, Tsentoroï, Baksan (centrale hydroélectrique en Kabardino-Balkarie, théâtre d'un attentat fin juillet)», relève Alexeï Malachenko, spécialiste du Caucase au centre Carnegie de Moscou.

«Ceux qui les commettent sont très forts, ils ont un important soutien (...) et la stratégie du Kremlin pour les combattre n'a pas donné de résultats positifs», estime ce spécialiste interrogé par l'AFP.

Onze ans après le début de la seconde guerre en Tchétchénie pour combattre les séparatistes, Moscou a réussi tant bien que mal à y imposer un pouvoir pro-russe, mais la rébellion s'est propagée aux républiques voisines.

Selon les experts, les groupes rebelles islamistes évincés par les pratiques musclées de Ramzan Kadyrov, ont déplacé leur terrain d'opérations au Daguestan et en Ingouchie.

La rébellion a abandonné la cause indépendantiste pour embrasser celle de l'islam radical et porter ainsi le combat partout dans le Caucase russe à majorité musulmane.

Selon des ONG, ce sont les exactions contre les civils et l'impunité des forces de l'ordre, qui poussent des jeunes à rejoindre les rebelles.

«Réduire la base sociale de la rébellion, c'est la seule chose qui pourrait améliorer la situation», juge Alexandre Tcherkassov de l'ONG Memorial, interrogé par l'AFP.

Vladimir Poutine, Premier ministre et ex-président qui avait mené la seconde guerre en Tchétchénie, a lui aussi admis en juillet que les «mesures répressives» ne suffisaient plus.

Il présidera lundi une réunion consacrée à la stratégie de développement du Caucase, qui sera présentée par Alexandre Khloponine nommé début 2010 à la tête d'un nouveau district fédéral pour le Caucase du Nord afin de stabiliser cette région en se concentrant sur son développement économique.