Treize personnes ont été arrêtées samedi à Bradford, dans le nord de l'Angleterre, en marge d'une manifestation de quelque 700 sympathisants de la Ligue anglaise de défense (EDL), un groupe d'extrême droite anti-musulman, a annoncé la police locale.

Un important barrage de police avait encerclé les manifestants de l'EDL rassemblés dans le centre de Bradford, afin d'empêcher une confrontation avec une contre-manifestation de quelque 300 militants anti-fascistes, selon un journaliste de l'AFP.

L'EDL avait appelé ses sympathisants à un rassemblement, après que les autorités eurent interdit toute marche à Bradford samedi, craignant une répétition des émeutes raciales de 2001 dans cette ville à forte population d'origine pakistanaise.

En fin d'après-midi, la police a procédé à des arrestations après quelques débordements et un manifestant de l'EDL a été évacué vers un hôpital.

«La police fait en sorte que les manifestants quittent la ville et nous continuerons à maintenir une forte présence pour rassurer la population de Bradford», a déclaré un porte-parole de la police du West Yorkshire.

Malgré deux cordons de police, les manifestants de l'EDL et ceux de l'organisation Unis contre le fascisme (UAF) s'étaient brièvement rapprochés dans l'après-midi, et se sont lancés quelques projectiles, tels que bouteilles, cannettes et pierres, ainsi qu'un engin fumigène.

L'EDL affirme vouloir lutter contre ce qu'elle considère comme une propagation de l'islam radical en Grande-Bretagne mais ses détracteurs qualifient ce mouvement de raciste et anti-musulman.

Les sympathisants de l'EDL ont lancé des slogans comme «Rendez-nous notre pays» et brandissaient des panneaux avec les inscriptions : «assez de mosquées» et «non à la charia».

«Nous sommes contre l'islam radical, pas contre les autres musulmans», a affirmé à l'AFP le chef de la sécurité de l'EDL, Leon McCreery.

«Mais ce que les musulmans "normaux" devraient faire, c'est se lever et se défendre», a-t-il ajouté.

Un autre partisan de l'EDL, Abdul Salam a déclaré à l'AFP: «nous voulons tous la paix, nous voulons tous une Grande-Bretagne en paix, nous ne voulons pas que des terroristes attaquent ce pays».

«Tous les musulmans sont les bienvenus ici (en Grande-Bretagne), mais ces musulmans-là (dans la contre-manifestation) ont choisi d'être de l'autre côté et de soutenir le terrorisme. Ce ne sont pas des musulmans, ce sont des hypocrites qui sont des terroristes, donc ils vont brûler en enfer», a-t-il expliqué.

Dans l'autre camp, Wahida Shaffi, membre de l'Organisation des femmes de Bradford pour la paix, a estimé que «la présence de l'EDL à Bradford confirme son caractère extrémiste».

«Ils ont révélé clairement au monde la nature extrémiste de leur message», a-t-elle ajouté.

En juillet 2001, une manifestation du parti d'extrême droite britannique National Front avait dégénéré en combats de rue avec des jeunes anti-fascistes. Plus de 300 policiers avaient été blessés et quelque 200 personnes condamnées à des peines de prison.

Ratna Lachman, d'une association de défense des droits de l'Homme s'est réjoui que les jeunes d'origine étrangère samedi «n'aient pas réagi avec la violence et la haine que l'EDL a manifestées», estimant que Bradford «avait tiré les leçons» de 2001.