La mère de huit nouveau-nés retrouvés morts cette semaine dans le nord de la France, à Villers-au-Tertre, a avoué jeudi les avoir tués, expliquant qu'elle ne «voulait plus d'enfants» et mettant son mari hors de cause dans la plus importante affaire d'infanticides connue en France.

Dominique Cottrez, aide-soignante de 45 ans, a indiqué qu'elle «se rendait parfaitement compte de ses grossesses», a déclaré au cours d'un point presse le procureur de Douai, Eric Vaillant. Selon une source, elle a étouffé ses bébés.

«Elle explique qu'elle ne voulait plus d'enfants et qu'elle ne voulait pas voir de médecin pour un moyen de contraception», a ajouté le magistrat. Son premier accouchement s'était «mal passé du fait de sa forte corpulence et à ce titre, elle ne voulait plus voir de médecin».

Dominique Cottrez et son mari Pierre-Marie, charpentier, sont parents de deux filles âgées d'une vingtaine d'années, qui ont elles-mêmes des enfants.

Déférée jeudi devant un juge d'instruction, Mme Cottrez a été inculpée pour «homicides volontaires de mineurs de moins de 15 ans». Elle risque une peine de réclusion à perpétuité.

Selon une source proche de l'enquête, elle a expliqué avoir étouffé les bébés qu'elle venait de mettre au monde. Elle a aussi affirmé que son mari ignorait tout des grossesses et des homicides, comme le dit aussi ce dernier qui a été laissé en liberté.

Samedi, les nouveaux propriétaires d'une maison, qui appartenait auparavant aux parents de Dominique Cottrez, avaient fait la première découverte macabre dans leur jardin. Alors qu'ils s'apprêtaient à replanter un arbre, ils sont tombés sur les ossements de deux nouveau-nés dans des sacs en plastique enfouis sous terre. Sous le choc, ils ont aussitôt alerté la gendarmerie.

Les enquêteurs, aidés de cinq chiens et deux maîtres-chiens, ont ensuite fait des recherches dans la maison de Pierre-Marie et Dominique Cottrez, située un peu plus loin, où ils ont retrouvé six nouveaux cadavres.

Arrêtés mardi, les époux Cottrez sont décrits par leurs voisins comme des gens sans histoire, le père faisant même partie du conseil municipal de Villers-sur-Tertre, village paisible de 620 habitants.

«C'était son troisième mandat. C'était un bénévole, quelqu'un de respectable», a expliqué le maire, Patrick Mercier.

Concernant la mère, «c'est une personne qui sortait très peu, qui participait peu à la vie de la commune», a-t-il dit, précisant qu'elle avait «un problème de poids», qui pourrait expliquer que ses grossesses soient passées inaperçues.

Jeudi matin, le curé du village a disposé huit petites bougies devant le portail de la maison où résidait le couple.

«J'ai une pensée pour ces petits qui n'ont pas demandé à naître et qu'on jette quelques heures après», a déclaré l'abbé Robert Meignotte. «Je suis très ému, je baptise cinq enfants chaque dimanche dans les 17 villages de la paroisse. On ne jette pas des enfants comme ça dans des sacs poubelle. On ne comprend pas».

Les infanticides multiples de nouveau-nés ne sont pas exceptionnels, même si ce cas constituerait le plus important en France depuis une trentaine d'années.

L'affaire la plus célèbre dite des «bébés congelés» est celle des époux Courjault, dans laquelle Véronique Courjault, 41 ans, avait été condamnée le 18 juin 2009 à 8 ans de prison pour le meurtre de trois nouveau-nés, commis en 1999 en France, en 2002 et 2003 en Corée du Sud, à l'insu de son mari.

En octobre 2007, les corps de six nouveau-nés avaient été découverts dans une cave de Valognes (nord-ouest). La mère, Céline Lesage, 34 ans, avait ensuite avoué les avoir tués entre 2000 et 2007.