Le maire de Duisbourg était accusé mardi d'avoir ignoré les avertissements sur les risques liés à la Love Parade, dont le bilan de la bousculade a atteint 20 morts.

Mais le maire conservateur Adolf Sauerland, au coeur des critiques, a affirmé au quotidien Rheinische Post n'avoir «eu connaissance d'aucun avertissement» en amont de ce festival de musique techno, qui a attiré samedi jusqu'à 1,4 million de ravers dans sa commune de moins de 500 000 habitants.

Il appartient à la municipalité de vérifier si de telles manifestations peuvent avoir lieu ou non «et c'est exactement ce que nous avons fait consciencieusement dans ce cas», a assuré celui qui est pour l'heure resté sourd aux multiples appels à sa démission.

Hannelore Kraft, chef du gouvernement régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, où se trouve Duisbourg, a expliqué que toutes les victimes étaient mortes par étouffement dans un vaste mouvement de panique, selon les autopsies.

Personne n'est en revanche mort en tombant d'un étroit escalier vers lequel se sont précipités des milliers de ravers pour tenter d'échapper au mouvement de panique, comme l'avaient prétendu certains des organisateurs en mettant en cause des «comportements individuels».

Le quotidien Kölner Stadt-Anzeiger a rapporté que les autorités n'avaient signé l'autorisation officielle que quelques heures avant le début de l'événement, ce qui semble indiquer qu'elles ont envisagé jusqu'à la dernière minute d'annuler la fête.

L'ancien chef des pompiers de Duisbourg, Klaus Schäfer, a déclaré à la chaîne de télévision privée n-tv avoir «urgemment déconseillé» la tenue de la parade au vu des failles de sécurité.

«La police à Duisbourg a clairement fait part de ses doutes dans plusieurs ateliers de travail et discussions», a déclaré de son côté un fonctionnaire à la retraite, cité par le S-ddeutsche Zeitung.

En particulier, le président de la police locale, désormais à la retraite, Rolf Cebin, s'était opposé à l'organisation de la Love Parade en raisons de ces doutes, ce qui lui avait valu des pressions politiques pour qu'il soit démis, ajoute le quotidien.

À la pression médiatique s'ajoute le courroux de la population qui reproche aux organisateurs d'avoir privilégié l'appât du gain au détriment des vies humaines.

Le propriétaire de la marque Love Parade, Rainer Schaller, aussi fondateur d'une chaîne de salles de sport «low cost», McFit, a rejeté la responsabilité de la tragédie sur la police. Il a affirmé que la police avait donné l'instruction d'ouvrir certains accès au tunnel alors que celui-ci était déjà menacé d'engorgement.

L'afflux des ravers a été par la suite incontrôlable et les participants, dont le nombre reste à éclaircir, se sont retrouvés piégés dans et aux abords du tunnel, unique voie d'accès et de sortie du site de la fête sur une ancienne gare de fret.

Beaucoup ont tenté de fuir la bousculade par un escalier étroit, au pied duquel 17 des morts ont été retrouvés. Une jeune Allemande a succombé lundi à ses blessures, ce qui porte le bilan à 20 morts, dont sept étrangers venus d'Australie, de Bosnie, de Chine, d'Espagne, d'Italie et des Pays-Bas.

Le parquet qui a saisi des documents liés à l'organisation de l'événement, dirige une enquête pour soupçon d'homicides par négligence.

Une cérémonie funèbre oecuménique se déroulera samedi dans cette ville de la Ruhr, en présence notamment du président de la République Christian Wulff et de de la chancelière Angela Merkel qui interrompra ses vacances.

Le maire de Duisbourg ne devrait en revanche pas y participer, selon un porte-parole de la municipalité, cité par le Rheinische Post, afin de ne «pas provoquer» les familles des victimes.

Selon le journal, la police aurait également craint pour la sécurité du maire.