Le Parlement serbe a exprimé dans la nuit de lundi à mardi son soutien au gouvernement pour qu'il soumette à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre un projet de résolution préconisant de nouvelles négociations pour conduire à une «solution de compromis» au Kosovo.

La motion parlementaire a été adoptée par 192 voix pour, 26 contre et 2 abstentions, à l'issue d'un débat qui s'est poursuivi tout au long de la journée de lundi et qui était retransmis sur la chaîne publique de télévision RTS.

Le Parlement serbe avait été convoqué en session extraordinaire après l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) qui a conclu jeudi que la proclamation d'indépendance par les autorités de Pristina, le 17 février 2008, n'avait pas violé le droit international.

Dans une motion sur la poursuite de la «défense de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays», les députés serbes considèrent que le projet de résolution serbe, adopté par l'Assemblée générale, «ouvrirait la voie à une solution de compromis sur le Kosovo par les négociations».

«Le Parlement autorise le gouvernement à déployer tous les efforts diplomatiques pour (assurer) l'adoption de cette résolution par l'Assemblée générale des Nations unies», ajoute le document.

Le texte adopté par le Parlement serbe considère comme «nécessaire» de parvenir, par des «négociations pacifiques», à une «solution permanente, durable et mutuellement acceptable pour le Kosovo, en conformité avec la Constitution serbe».

Il réaffirme la position serbe selon laquelle Belgrade ne reconnaîtra jamais, «implicitement ou explicitement», la proclamation d'indépendance du Kosovo.

Le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, avait indiqué auparavant devant les parlementaires que la Serbie entendait élaborer seule ce projet de résolution, écartant ainsi les éventualités évoquées ces derniers jours dans la presse serbe selon lesquelles une telle résolution serait préparée de concert avec les Européens.

Le ministre avait précisé qu'il souhaitait que le projet de résolution puisse avoir pour résultat une reprise des négociations sur le statut (l'indépendance) du Kosovo.

«La Serbie veut que les Nations unies concluent que les sécessionistes n'avaient pas le droit» de proclamer l'indépendance, a-t-il ajouté.

Pour les autorités de Pristina, une reprise des négociations sur l'indépendance est exclue.

Les Européens invitent aussi Serbes et Albanais kosovars à reprendre le dialogue en laissant de côté la question de l'indépendance.

Le débat n'a pas été marqué par des dérapages verbaux dont l'opposition ultra-nationaliste était coutumière il y a encore quelque temps.

Quelques députés ont cependant réclamé la démission du président serbe, Boris Tadic, et de celle de Vuk Jeremic, après l'avis de la CIJ.

Le président serbe a reconnu que l'avis de la Cour constituait un «coup dur pour la Serbie».

Il a toutefois souligné que les efforts de son pays au sujet du Kosovo ne devaient pas conduire son pays à l'isolement international et que Belgrade ne devait pas se mettre à dos les Européens.

Belgrade «doit avoir les meilleures relations possibles avec les grandes puisssances, car toute autre politique conduirait la Serbie directement au désastre, et ses citoyens directement à la pauvreté».

«La Serbie doit devenir un membre de l'Union européenne car elle n'a pas d'autre alternative», a-t-il dit.