De violents incidents, avec des tirs entre manifestants et policiers et des dizaines de véhicules brûlés, ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Grenoble (centre-est de la France) au lendemain de la mort d'un jeune braqueur de casino tué dans une fusillade avec la police.

Tout est parti de la mort, dans la nuit de jeudi à vendredi, de Karim Boudouda, 27 ans, abattu lors d'un échange de tirs à l'issue d'une course-poursuite avec la police dans un quartier populaire de Grenoble après le braquage armé du casino d'Uriage-les-Bains.

Le procureur de la République de Grenoble, Jean Philippe, a évoqué la «légitime défense» de la police, une version contestée par les jeunes du quartier de la Villeneuve dont était originaire le braqueur tué.

La tension était montée toute la journée de vendredi dans ce quartier avant de dégénérer peu avant minuit, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des groupes de jeunes s'en sont pris à des abris d'autobus et à un tramway à coups de battes, des incendies ont été déclenchés. Puis un manifestant a tiré, sans faire de blessés, en direction des forces de l'ordre qui ont riposté à quatre reprises à balles réelles afin de disperser la foule et d'«assurer leur sécurité», selon une source policière.

Au total, 50 à 60 voitures, des engins de chantier et deux commerces ont été incendiés, selon la police. Deux jeunes âgés de 17 et 18 ans ont été interpellés et placés en garde à vue pour des incendies de véhicules et trois autres âgés de 20 ans pour «des tentatives de vols dans des magasins», a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, qui s'est rendu samedi à Grenoble redevenue calme, a prévenu qu'il allait «rétablir l'ordre public et l'autorité de l'Etat» au plus vite et annoncé la mobilisation d'unités de forces mobiles.

En novembre 2007, deux jours d'émeutes et d'échauffourées entre forces de l'ordre et jeunes en banlieue parisienne avaient été déclenchées par la mort de deux adolescents, tués lors d'une collision entre leur moto et une voiture de police. Deux ans plus tôt, les banlieues françaises s'étaient embrasées après la mort de deux jeunes poursuivis par la police.

Une autopsie du corps de Karim Boudouda, condamné trois fois pour vol à main armée, devait avoir lieu samedi et une enquête de l'Inspection générale de la police a été lancée. Son complice est toujours en fuite.

Selon le procureur de la République lorsque les deux braqueurs ont arrêté leur véhicule à la Villeneuve, ils «ont ouvert le feu à au moins trois reprises vers les policiers». «Les policiers de la brigade anticriminalité ont alors riposté» touchant Karim Boudouda à la tête, a-t-il dit.

Il s'agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine en quelques mois. Au moins une partie du butin - entre 27 000 et 55 000 dollars canadiens - a été retrouvée dans le véhicule des malfaiteurs.